Le grand Bestiaire a rencontré le groupe de rock WHY MUD . Entre la texture caressante de leur son, des tonalités aériennes et une lame de fonds, leur rock narratif fonctionne bien. Leurs chansons se déploient comme un gros animal marin, tout en puissance. Les guitares font des murs de dentelle, et les harmonies vocales vous donnent un léger vertige – celui qu’on aime bien. WHY MUD sort son premier disque au début de l’automne prochain. C’est un concept album racontant une histoire à travers les différentes chansons : Adam & Joe c’est l’histoire de deux frères, de leur père et d’un destin tragique. Tout commence par la mort de leur mère mettant au monde Adam, le cadet. Les chansons nous emènent a travers les amours et désamours entre ces personnages. Au travers de leurs élucubrations, on comprend qu’Adam est l’âme, Joe l’esprit. Tous les deux en conflit sont dans le corps de l’homme (le père, qui perd le contrôle de ses deux enfants), les deux n’aspirant pas à la même chose : c’est le dilemme entre satisfaire notre cœur ou notre raison. C’est aussi la lutte entre ce qu’on voudrait être et ce qu’on est. C’est construit comme une feuilleton et ça ne se rebiffe pas. On parle de la vie comme dans une tragédie grecque, en évitant les généralités de comptoir et l’héroïsme essoufflé façon Fauve.
Faut dire qu’on a été plutôt charmés, et qu’on se faisait une joie de les rencontrer. Les quatre larrons (Roland : guitare et chant, Antoine : guitare et synthés, Loïc : Basse et Camille : Batterie) nous attendaient dans leur studio à Boulogne – le studio BBmix – un soir de printemps timide. Ils nous ont joué quelques morceaux, puis, galopin en main, nous avons parlé guitares, Rockstar, Kisskissbankbank, saumon et avons fini par conclure que Josh Hommes était la réincarnation d’Elvis en roux. Récit de la rencontre avec un groupe qui se distingue par la singularité de son jeu autant que par sa bonne humeur (le constant rappel des Rires dans cet interview, un peu comme un cheveu sur la soupe ou des rires préenregistrés dans une sitcom glucose, en attestera).
Le Grand Bestiaire (LGB) : Alors, comment est-ce que ça a commence l’aventure WHY MUD?
Antoine : Ça a commencé par lui, là.
Roland : Ça a commence ici surtout . On avait un groupe il y a quatre ans ou cinq ans maintenant, avec Antoine et Camille. On s’appelait Da Squaw à l’époque. En gros c’était un projet garage entre potes. On faisait n’importe quoi. On avait un batteur à l’époque qui était plus guitariste que batteur, donc on avait cinq guitares dans le groupe. (Rires) Et à un moment donné, Camille qui trouvait que c’était pas mal quand même, a décidé de remplacer notre batteur. Et le fait d’avoir eu cette expérience musicale nous a fait nous retrouver deux ans après – je suis parti deux ans là bas ou j’ai composé les bases du projet Adam & Joe. J’avais pas mal de compos, une envie de faire de la musique absolument, et donc j’ai recontacté Camille et Antoine. Puis Loïc s’est greffé naturellement au projet : c’est un pote, il fait de la basse… Il est beau gosse aussi (Rires). En gros, ça a commencé grâce à ce lieu.
LGB : Ce lieu, t’as envie de le présenter un petit peu?
Camille : Alors on est dans un lieu municipal, un studio de répétition à Boulogne Billancourt. Je travaille ici ce qui m’a permis d’en faire profiter ce projet. Ensuite on a gagné un petit tremplin, et il y a une sorte de suivi de la ville qui nous porte et nous a donnés une petite aide financière.
Roland : On a un peu fait notre niche à Boulogne.
LGB : C’est quoi les groupes qui vous ont donné envie de prendre vos instruments et de jouer, au départ?
Roland : Tout au début? C’est venu de groupes très différents pour chacun d’entre nous. Moi j’avais une base de Jazz manouche donc c’est Django Reinhardt qui me faisait vibrer. Je trouvais ses solos, ses émotions, d’une sensibilité folle.
Camille : Moi c’est le métal. C’est le début, avec Deftones, le néo matal, Korn, Tool, et du rap.
Antoine : Moi c’est venu de mes parents surtout. Led Zepplin, ACDC… Puis j’ai commencé le conservatoire donc je me suis axé sur autre chose, on évolue, mais au début j’étais le petit teenager qui prend sa guitare et qui veut imiter Angus Young dans sa chambre.
Roland : Grave! Trop bien. (Rires)
Loïc : Moi c’est un peu comme Antoine, mon père était musicien, donc j’ai écouté de tout quand j’étais petit. J’ai pratiqué le clavier longtemps – jusqu’à dix ans – puis j’en ai eu mare que mon père m’apprenne et je me suis dit « je veux faire du rock! Du punk! Du garage! » Mais je ne savais pas jouer de la guitare. je me suis dit que le moyen le plus simple c’était de prendre quelque chose où il y a le moins de cordes possibles. Je suis parti sur la basse, j’ai eu in groupe, et j’ai rencontré Roland, Antoine et Camille. Mon groupe avait splitté, j’ai écouté ce que faisaient les autres et je me suis dis « vas y! ».
LGB : Donc vous vous êtes tous rencontrés par la musique? Il n’y avait pas de vieux potes d’avant?
Loïc : Ah si, un peu. Surtout eux.
Roland : Antoine et moi on se connaît depuis très, très longtemps.
LGB : Je pense que vos influences ont évolué depuis. Sur l’album quel artistes vous ont influencés?
Roland : On peut dire qu’il y a beaucoup, beaucoup d’influences qui se mélangent là dedans. Il y avait surtout la volonté de chercher différentes sonorités. Je pense que les influences principales ça va être du rock comme Radiohead, beaucoup de groupes des années 90, mais aussi du rock plus psyché.
Antoine : Tout ce qui marche en ce moment : Tame Impala, Temples…
Roland : Mais envie d’avoir un son plus guitares, quoi. (Rires)
LGB : Alors il y a un EP qui est sorti il y a deux ans. (Songs from Adam&Joe NDLR)
Loïc : Ouais, voire moins parce que ça va faire deux ans qu’on est en formation là. Il est sorti il y a un an et demi.
LGB : Vous l’avez sorti grâce à une levée de fonds sur Kisskissbankbank. pourquoi avoir choisi ce média là? Pourquoi un EP aussi d’ailleurs – double question.
Roland : L’EP c’était un support pratique d’une certaine manière. C’était une étape nécessaire pour pouvoir présenter de la matière à des sales, a nos potes aussi.
Loïc : Sur internet.
Roland : Avoir quelque chose à montrer, tout simplement. Et ça se présentait comme une évidence, même si à ce moment là on s’est peut être un peu précipités. D’une certaine manière on était pas 100% parés, on avait pas encore totalement trouvé notre son.
Camille : On était pas encore totalement prêts. On était surtout moins bien équipés. Pour le son de guitare, j’entends bien. Toujours la guitare.
Roland : Ouais, les guitares. (Rires) Ce studio s’appelle studio guitares.
LGB : Peut être que grâce à vous il sera renommé comme ça dans quelques années. (Rires)
Camille : Non mais il va s’appeler comme ça, hein!
Loïc : Avec d’énormes néons. (Rires)
LGB : Non mais ce choix est intéressant. Il y a encore dix ans, les groupes essayaient de sortir un album à tout prix, maintenant plus un single, et vous avez essayé de construite un son, un univers. Vous aviez des perspectives de carrière en tête?
Roland : On a surtout eu des envies de jouer en live. On voulait se produire le plus possible, on avait besoin d’énergie. Et donc l’EP c’était surtout une clé pour avoir accès à certaines salles. On ne voulait pas être le petit groupe qui ne sert à rien, qui ne sera jamais programmé… Même si c’est toujours un peu le cas. (Rires)
LGB : On va couper ça… (Rires)
Antoine : Dans tous les cas, quand on démarche, les salles nous demandes « vous avez quoi comme son? » C’était le cahier des charges qu’il fallait faire. Le message c’était « on veut vite faire de la scène. »
Roland : Et Kisskissbanknank était un super moyen de demander des fonds pour réaliser l’EP.
Camille : C’est magique. Et à ce moment c’était tout nouveau.
LGB : Ça c’est passé vite d’ailleurs?
Roland : En un ou deux mois.
Loïc : Grosse solidarité.
Roland : Il y avait pas mal de gens qui nous suivaient un peu avant – parce qu c’était des potes, blablabla. Ils savaient tous qu’on faisait de la musique, ils attendaient tous de voir quelque chose quelque part, et du coup ils voulaient tous participer au truc. Ne serait-ce que pour pouvoir entendre.
LGB : Vous avez fait le choix du format album avec Adam & Joe. C’est un truc que de moins en moins de gens font. Même si des disques sortent, globalement il y a très peu d’albums qui s’écoutent de A à Z. Généralement on a 5 singles, un peu de filer, quand c’est du Hip Hop on remix ses singles en invitant des potes qui sont moins connus – ou des types plus connus pour avoir de la visibilité. Un album ça représentait quoi pour vous?
Roland : Je pense pas qu’on se soit posé la question « pourquoi faire un album »? C’était juste logique.
Camille : Puis on raconte une histoire. Vu notre concept on était obligés de sortir un album.
LGB : Donc le concept était là avant la musique?
Loïc : Ouais. l’EP s’appelait déjà songs for Adam & Joe.
Roland : C’était un aperçu de l’album qu’on voulait faire.
Camille : La seule autre option, comme on a trois actes, ça aurait été de faire trois EPs. Mais ça voulait dire que l’histoire complète serait apparue dans au moins un an et demi.
LGB : Beaucoup de lignes bougent en tout ce temps.
Camille : C’est ça. Il fallait mettre ça derrière nous.
LGB : On voit dans le clip de Somebody do Something on voit que vous êtes partis enregistrer à la campagne – un endroit canon d’ailleurs. On ne va pas vous demander où c’est (Rires) mais pourquoi avoir fait ce choix? Plus pratique? Moins cher?
Roland : Plus pratique, ouais.
Loïc : Enfin c’est vite dit. (Rires)
Roland : On est partis à cinq voitures de matériel en fait. On voulait avoir la possibilité de rester dans un seul lieu.
LGB : Puis sortir de Paris ça peut être une bonne raison.
Camille : Oui! Faut respirer.
Loïc : Puis l’EP nous a permis de comprendre qu’il fallait qu’on bosse vraiment entre nous. Par exemple, des trucs nous plaisaient pas comme on l’a enregistré avec pas beaucoup d’argent – même si plein de gens nous ont aidé. On s’est retrouvés avec des gens qui n’avaient pas le temps, des deadlines, et on s’est rendus compte qu’il fallait qu’on reste longtemps à l’écart, pour jouer tous ensembles. Et même après le château il y a eu toute une phase ou Antoine et Roland on retravaillé leurs guitares. Pendant tout ce temps là on a plus créé qu’enregistré. Surtout sur les morceaux qui nous plaisaient moins dans l’EP, qu’on voulait modifier. Après cette session d’enregistrement on s’est rendus compte que le meilleur moyen de faire des trucs qui nous plaisent c’est de bosser qu’avec des gens qu’on connaît. Même le mix c’est des potes à nous.
LGB : J’ai vu qu’il y avait pas mal de monde qui a participé – fait des cœurs et tout.
Loïc : Ouais. Et c’était pas prévu.
Camille : C’est de la déconnade. Mais ça a marché, donc on l’a gardé. Puis il y a un détail qui est important, mine de rien. Roland a fait des études d’ingé son. Entre lui et ses amis… Ça nous a réellement permis de travailler le son.
LGB : Il vous fallait du temps pour creuser les idées qui étaient déjà en place?
Roland : Carrément ouais. Il doit y a voir un quinzaine de morceaux qui ont sauté, des structures qu’on a modifiées. Puis on s’est rendus compte que l’ambiance musicale en correspondait pas forcément au message qui était sensé passer dans la chanson. Il a fallu retravailler l’ambiance sonore de certains morceaux pour qu’elle corresponde à une étape dans l’histoire d’Adam & Joe.
Loïc : Même dans le chant, dans les intentions. Parfois [Roland] chantait de manière joyeuse alors que ce qui était dit était – parce qu’il interprète des personnages – triste. Donc il fallait travailler ça, les guitares.
Antoine : Guitares.
Roland : Guitares. (Rires)
LGB : Il y avait combien de morceaux retenus pour l’album? Je crois que vous en avez gardé 13 à peu près.
Antoine : Douze ouais.
Loïc : Et il y en a encore un qui est sur le sellette.
Antoine : Au départ on devait avoir environs 25-30 compos. On a beaucoup écrémé.
Camille : Tant que ça? Ça veut dire qu’on en a jeté deux tiers?
Roland : Ah ouais, avec Antoine on a bossé sur bien 30 projets.
LGB : C’est un bon ratio en même temps. Vous gardez vraiment le meilleur. (Rires)
Camille : Ouais, c’est stylé à dire, mais la vérité c’est pas ça.
Antoine : Et c’était pas forcément des morceaux faits de A à Z.
Roland : il y a même des morceaux qui sont des patchworks. Des passages où on se disait « il faut absolument qu’on le mette quelque part. C’est trop stylé. »
LGB : Et la compo, ça s’est passé comment? T’es le seul parolier?
Roland : A la base j’avais des morceaux. Mais d’autres sont nés de rien. On était en répet’, on faisait n’importe quoi et une idée cool ressort.
Camille : La moitié sont des trucs qu’il avait pensés en Australie, et l’autre des morceaux qu’on a bâtis ensemble.
Loïc : Et même quand il ramène quelque chose – des accords, des mélodies – chaque membre du groupe fait vachement d’apports. Il faut trouver un structure. On se donne même des idées entre instruments.
Roland : J’ai zéro formation en rythme, donc il a fallu structurer les morceaux. A la première écoute Camille a pris un morceau de papier et m’a dit « Je vais pas te dire de tout changer, hein… » (Rires) Finalement on a rien changé.
Antoine : On a fini par tous se caler sur sa mélodie.
LGB : Le bœuf sert à ça aussi, trouver sa place sur des structures pas habituelles.
Loïc : Moi j’ai ai chié au début. J’ai beaucoup travaillé l’oreille puisque je pratiquais depuis tour petit, je ne suis pas technique ou solfège comme Camille et Antoine qui sont très calés. Une fois que j’ai compris ça va tout seul, mais la première fois que Roland m’a envoyé ses maquettes je lui ai dit « Je vais pas y arriver. » (Rires) Et surtout qu’on joue avec un accordage différent.
Roland : Alors pour les guitaristes, on joue en Ré, La, Ré#, Sol, La, Ré, et la basse est en Ré, La, Ré#, Sol, ce qui rend tout extrêmement compliqué.
Loïc : Et des structures illogiques et du trois temps chelou. Whoooooouuuu! Ça faisait trois ans que je n’avais pas touché ma basse…
LGB : Et c’est le même accordage pour tous les morceaux de l’album?
Camille : Non, ça, ça serait trop simple. (Rires)
Roland : On a d’autres accords étranges et un accordage normal! Mais c’est la base de notre son.
LGB : Tu réinventes un solfège avec ses contraintes.
Roland : On a surtout réinventé la manière de parler entre musiciens. « Le truc là! L’accord en triangle, comme ça! » Mais ça permet énormément de surprises et de découvertes. Par exemple Loïc sort des lignes de basse qui sont le pur produit de la musique qu’il entend dans sa tête.
Camille : Et de la recherche, ouais.
LGB : Et tous ce que vous avez enregistré pourra être joué en live à l’identique?
Roland : A la base oui. Après on a voulu rajouter plus de prod. De guitares. (Rires)
LGB : Ok… Il y a comme une ligne directrice qui apparaît.
Loïc : On est en train de se rendre compte qu’on s’est foiré. On a tout misé sur les guitares… Merde… (Rires)
Roland : Comme tu l’as entendu en bas (salle de répétition NDLR) quand on joue en live, j’ai pas l’impression qu’il manque quelque chose. Par contre on essaie d’adapter au live.
LGB : Par rapport à la salle?
Camille : Non. En fonction de la durée des sets surtout.
LGB : Question un peu abstraite. Est-ce que vous penser qu’il y a un ligne a suivre, et quelle a été votre approche pour se faire une place aujourd’hui en tant que jeune groupe à Paris? – sachant que les gens zappent de son toutes les semaines, qu’il y a une grosse compétition, tout le monde vient s’y faire voir.
Camille : Je pense qui faut faire l’inverse en fait.
Loïc : Exactement ouais.
Camille : Pour le moment on ne s’en est pas donnés les moyens, mais il faut absolument prospecter ailleurs qu’à Paris.
LGB : Déjà vous avez visé la durée en faisant un album, et en construisant un concept qui était vraiment solide, poussé. C’était votre point d’entrée?
Roland : Ouais. Ce qu’on vend c’est notre honnêteté. On n’est pas en train de vendre un produit déformé pour plaire au public. Que ça marche ou ça marche pas, peu importe, on aura fait tout ce qui fallait pour nous.
Camille : On aura étés sincères.
LGB : La scène ça a été un moyen de tester les morceaux?
Roland : Ah ouais carrément! Ça c’est certain.
Loïc : Il y a des morceaux, en revenant, on s’est dit « celle là plus jamais! » (Rires)
LGB : Vous auriez des conseils pour des groupes débutants aujourd’hui?
Antoine : On est un peu débutants, encore.
LGB : Ouais mais vous avez un peu de bouteille. Vous avez tourné, enregistré un EP puis un album. il y a des gens qui veulent se lancer et qui n’ont pas de vision du tout. Il y a des trucs à ne pas faire et des trucs à faire.
Roland : Je pense que la base d’un groupe c’est de se retrouver entre potes et faire nawak.
Loïc : Et ne pas écouter les autres. Il doivent faire ce qu’ils ont envie de faire.On parle avec plein de gens et souvent on entend « non, mais faut plus faire ci, maintenant ce qui marche c’est ça… » En fait il n’y a pas réellement de solution. Faut faire ce qu’on a envie de faire à fond. Et c’est long, c’est dur.
Roland : Et puis faut pas avoir peur de commencer par imiter quelque chose au départ. C’est pas grave. personne n’a son son direct.
Antoine : Ça ne se passe jamais comme ça.
Roland : L’important c’est de trouver dans la nature un son qui nous plait, le pousser à fond, et se laisser entraîner par les influences extérieures. C’est justement comme ça que ton son se fait. Il faut ignorer les voix qui te diront « il faut que tu fasses un morceau plus comme ça! On ne fait plus d’albums… »
Loïc : Ou que c’est trop long.
LGB : En même temps vous faites pas dans le format radio.
Antoine : Certains de nos morceaux pourraient passer. Après ça n’est plus de notre ressort; Les groupe ne choisissent presque plus les morceaux qui sortent.
Camille : Puis c’est des radio-édits. C’est pas à nous de le faire.
Loïc : Puis c’est aux radios de changer. Ils font chier, quoi! ils coupent même des morceaux de trois minutes, on a même plus la fin. Je pense que tous les gens qui écoutent la radio en ont ras le cul – certaines radios, je ne parle pas de toutes.
LGB : Là je te suis. J’écoute plus que FIP moi maintenant, comme un vieux con.
Camille : T’inquiète, on est tous un peu vieux con dans l’âme. (Rires)
LGB : Le disque devrait sortir au début de l’automne. Il y a un programme après? Vous allez essayer de tourner comme des bourrins pour le faire connaître?
Camille : Ouais bien sur! Bah là justement on a récemment mis la main sur un manager. Enfin je ne sais pas si c’est lui qui nous a mis la main dessus d’ailleurs.
LGB : Faut le voir comme ça. (Rires)
Camille : Il m’a fait signer un truc a moi. Je ne sais pas, peut-être pas à vous?
Roland : Quoi? (Rires)
Loïc : Ah?! On a un manager? (Rires)
LGB : Il va vous faire une Axl Rose. WHY MUD c’est lui maintenant. (Rires)
Camille : Enfin lui et moi. (Rires) On s’est arrangés.
Non mais on compte beaucoup sur lui pour qu’il nous trouve des dates.
LGB : Ça fait combien de temps qu’il est là?
Loïc : Un mois à peine, et déjà on voit la différence sur plein de trucs. Déjà cette interview. Merci Étienne!
LGB : J’avais pensé à un autre question rapport, mais je l’ai oubliée… Ça va me revenir.
Roland : Où est-ce que vous faites vos courses? (rires)
LGB : Ça on la garde pour la fin. Quelles sont vos bières préférées, tout ça. Le blind test de la Kro. D’ailleurs ça c’est un bon conseil pour un jeune groupe : achetez des Kros, c’est moins cher.
Roland : Et aussi bon!
D’ailleurs je vais m’en reprendre une.
Youp là!
Antoine : Après pour ta question de tout à l’heure, sur où on veut aller, idéalement on voudrait tourner à fond, qu’on s’occupe de nous, qu’on signe, que notre album se produise. Mais on est à côté de ça, tu vois. On veut que ça marche mais ça n’est plus de notre ressort.
LGB : Il y a des groupes qui démarchent beaucoup pour essayer de se caler dans des pubs, par exemple parce que c’est le meilleur moyen d’avoir un single beaucoup téléchargé. mais généralement l’album plante derrière parce qu’il n’a pas assez été taffé.
Antoine : Oui mais ça passe toujours par d’autres personnes. Ça n’empêche que tous les quatre, on a plein de nouvelles idées et compos de côté qu’on va travailler.
Roland : En fait on a juste hâte de continuer. Que l’album sorte, qu’on fasse le plus de live possible. Qu’on puisse continuer à créer.
Loïc : Et si ça plait pas on fera de l’Eurodance, et puis voilà. (Rires)
Roland : Eurodance … Guitares. (Rires)
LGB : J’ai l’impression qu’aujourd’hui l’ère des rockstars est complètement révolue. Il y a peu de groupes qui vendent beaucoup de disques, et généralement on déteste les vieux dinosaures qui touchent encore un peu – U2 ou les Red Hot. Ils ont fait de bons albums, mais presque personne n’admet les aimer. Qu’est ce que vous en pensez et est-ce qu’il y a des exemples de carrières qui vous inspirent?
Roland : Bien sur! Tame Impala par exemple. C’est tout récent, ça n’a que 5 ans, mais tu sens qu’ils vont aller loin. Ils ont une volonté de faire leur musique, un son super précis mais ils veulent évoluer dans leurs intentions, et il se foutent de ce qui se passe autour. Ils font de la musique par pure passion, par envie de recherche de mélodies, de sonorités, de textures. je pense que c’est ça les nouvelles rockstars : les gens qui sont dans cette perpétuelle recherche. C’est plus se prendre un jet privé et aller faire une tournée au States.
Loïc : Eh mais on a oublié Lemmy! Avec sa collection de taxidermie qui chante et ses assiettes nazies. (Rires)
Roland : Tu ne peut pas ne pas respecter ce mec. (Rires)
Loïc : Johnny Rotten aussi.
LGB : Johnny Rotten c’est un type intéressant.
Loïc : Il a tout fait, il est passé par tout. On le perçoit comme une immense rock star alors que c’en est pas une, en fait. Presque son contraire. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui il n’y en a plus.
LGB : Il y a bien Bono, qui casse les couilles de tout le monde en faisant monter des enfant du Tiers Monde sur scène comme si les gens avaient payé pour ça. T’as envie de lire dire « Mais putain, retire tes lunettes! » (Rires)
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter?
Roland : De ne pas se perdre.
Loïc : D’être heureux.
Camille : C’est ça, ne pas se perdre et être heureux.
Antoine : Et de rester ensemble.
Loïc : Ne pas perdre le saumon non plus.
Antoine : De tourner partout – et autre part que Paris.
Camille : Ah non mais moi je vaux faire le tour du monde. Même si c’est dans l’anonymat, hein!
LGB : Aujourd’hui, avec internet, pas la peine de vendre des millions de disques pour se retrouver au Japon.
Camille : Ouais c’est exactement ça. Ne serait-ce qu’une tournée dans le monde dans ma vie, juste de voyager avec la musique.
Antoine : Et de se faire payer! (Rires) Non mais c’est vrai! Ce qu’on peut nous souhaiter de mieux en vrai c’est qu’on gagne nos vies grâce à ça.
LGB : On parlait de Saumon. Plutôt Écossai ou Norvégien?
Roland et Antoine : Norvégien!
Camille : La pureté.
Loïc : Écossai, les gars quand même!
Roland : Non non non non.
LGB : Je crois qu’ils sont sensés être meilleurs.
Roland : Non. Norvège. D’ailleurs on sait pas où c’est. (Rires)
LGB : Si tout va bien, avec la tournée mondial,e vous saurez.
Plutôt whisky Irlandais ou Écossais? Ou Japonais justement?
Loïc : Je pense que la vraie question c’est whisky ou rhum? Moi je te réponds rhum, parce que je suis un pirate. Et qu’il n’y a pas de cow-boy en Écosse. (Rires)
LGB : Il n’y a pas de cow-boy en Écosse? Ça ferait un super titre de bouquin! (Rires)
Roland : En fait c’est une énorme base à tout.
LGB : Il y a du trac avant de jouer?
Roland : Ça dépens grave de quelle pression on s’est mis.
Loïc : Quand c’est places assises on se chie dessus. Il n’y a pas d’échappatoire.
LGB : Du coup ça se met 2 – 3 bières avant de monter sur scène ou vous la jouez clean?
Antoine : En fait dans tous les cas, quand on est ensemble on boit des bières. En plus généralement on arrive faire les balances à 18h, donc après on tourne un peu en rond, on boit un coup. Si on faisait nos réglages 10 minutes avant le concert on serait pas là à s’envoyer des shots non plus.
Loïc : On y va mollo, mais de toute façon le stress te fait débourrer quand tu monte sur scène.
Camille : Je pense qu’on l’aura, on va le vivre bientôt le grand stress. Quand on fera une scène de mille ou mille cinq cent.
LGB : Le conseil de la rédaction c’est le champagne avant de monter sur scène.
Roland : Ouais mais quand t’es chanteur il vaut mieux éviter les trucs à bulle.
LGB : La solution ça serait de chanter comme Lemmy. (Rires)
Roland : Rien a battre parce que c’est un rot constant.
LGB : Le mec se retient pendant deux jours avant de monter sur scène.(Rires)
Après on s’est dit au revoir et on s’est donnés rendez-vous sur scène. Les WHY MUD jouaient deux dates (à Issy et pour un tremplin à Versailles) auquel on n’a pas pu se rendre. Mais on a hâte de les retrouver, en train de danser sous le bombes. On espère aussi vous y croiser. Et, reprenant la route de la lointaine Boulbi, j’ai pensé a mon âme et mon esprit. Les deux sont parfois en guerre, mais là, la raison et le cœur semblent bel et bien d’accord pour dire qu’on a affaire à chouette groupe. Un truc qui restera peut-être confidentiel dans le brouhaha post-médiatique ambiant, mais ça serait bien dommage. Parfois l’histoire se trompe – Billie Davies, Marie et le garçons, Skip Spence… Espérons qu’elle ne le fasse pas avec WHY MUD.
En attendant l’album, retrouvez WHY MUD sur scène :
Le 30 mai à La Cantine (108 Boulevard de Belleville à Paris).
Le 21 juin sur la Place du Marché à Versailles (fête de la musique) avec Skully Circus (electro-pop malade), Mutiny (Rock 90s qui donne dans le romantisme paysager et l’énergie à tout va) et New Origin (Reggae revendicateur).