Parlons peu, mais parlons vrai. La France est poussiéreuse.
Contaminée des pieds à la tête, il lui faudrait un grand ménage de printemps.
Vous n’êtes pas convaincus ? Lisez et joignez-vous à la révolution consensuelle.
A force d’en parler et de voir que tout le monde était d’accord,
On a décidé de vous concocter un florilège des raisons évidentes.
De droite à gauche, de complotiste à engagé politique,
Cette discussion réunie, les Français dans les bars, les dîners, les expositions.
Au départ, on se dit la politique française va mal, les énarques sont poussiéreux.
Mais si on tend l’oreille, on entend des avis plus précis et variés. La couche de poussière s’étend chez les professeurs, les soignants, les policiers, les écologistes, les économistes…
Vous l’avez compris, chez les spécialistes du groupe public qu’est la France.
La poussière est partout, elle bride l’éducation, tends des obstacles à l’entreprenariat, délaisse ses fonctionnaires, fait du domaine de la santé un business de résultat, et déçois tout son peuple.
Sélection pour enrichir ces bavardages qui nous font avancer ensembles :
Plutôt orienté sur l’économie, Thomas Piketty déclare dans Libération que rien ne s’améliorera sans un changement bilatéral de la France.
“On a besoin de réformes fiscales et sociales de fond, pas de cette improvisation permanente.”
Engagé clairement au Ps, le journaliste ne peut s’empêcher de lui demander s’il compte rentrer en politique, mais l’économiste préfère sa place de spécialiste.
“La politique ne devrait pas être un métier. On en paie aujourd’hui les conséquences. Nous sommes gouvernés par des personnes qui confondent la rhétorique et la réalité.”
La politique telle qu’elle est exercée en France ne serait-elle qu’un fantasme ? Nous, on se dit qu’en fait, si le président n’était qu’un représentant – comme la reine d’Angleterre – peut-être que les “vrais décisionnaires” seraient enfin élus au mérite plutôt qu’à un simili concours de popularité.
Jyrki Katainen, le Vice-président de la Commission européenne, le rejoint en pensée.
Venu du Parti de la coalition nationale, parti finlandais conservateur et libéral, il fait de l’économie son coeur de cible.
Lui aussi se trouve pourtant acculé devant une couche de poussière. Les Français veulent du changement profond en France, mais nous ne sommes apparemment pas les seuls.
Il le déclare à L’express ; que si la France ne propose pas des réformes profondes et structurelles :
“les Français souffriront, et le reste de l’Europe aussi. L’économie, c’est aussi une question de psychologie. Si la France accomplit des réformes ambitieuses, cela changera le climat dans toute la zone euro.”
Le Peterson Institute (Washington) ; fondation libérale d’une orientation plutôt humaniste, se joint à la discussion. La note publiée par cet institut n’est reprise dans aucun des médias de masse français. Elle semble pourtant refléter ce que les Français souhaitent. Si la première partie de cet essai s’attaque à leur domaine de prédilection ; l’économie, la seconde concède que
“la France a plus besoin d’une réforme de son système politique que de sa structure économique.”
Un institut spécialisé ne peut se passer de cette évidence, le point est centré sur une refonte du système décisionnaire, ce qui ne ferait qu’engendrer d’autres réformes.
Une pichenette sur la pyramide de domino pour ainsi dire ;
“La camisole de force qu’est la présidence empêche la France de mettre sur pied une grande coalition parlementaire stable qui est en vigueur dans la plupart des pays européens de nos jours. Les courants de centre-droit et de centre-gauche en France ne s’associeront jamais pour faire adopter des réformes économiques de bon sens, puisque chacun tentera de saper les chances de l’autre de gagner la prochaine élection présidentielle. Et le fait d’avoir une cohabitation entre un Président et un Parlement de convictions politiques différentes ne change pas cette dynamique de destruction politique.”
Laurent Cohen-Tanugi revient sur les rayons des libraires avec « What’s wrong with France » L’auteur continue son exploration de l’effet de la mondialisation sur la France. Dans son dernier opus il livre à Le Point qu’il ne peut plus s’éviter d’avoir à analyser le fond du problème, au delà de l’économie ou du social c’est l’obstacle au changement de La France.
“son excellence voire son identité y sont ébranlées”
Il qualifie l’état actuel du pays en tant qu’institution comme un “dérèglement généralisé” qui reflète le besoin de “réinvention”
En effet, si les institutions sont poussiéreuses, elles voient leurs rôles écrasés sous la Ve République. Sont touchés des contres-pouvoirs essentiels ; médias, société civile, parlement, justice, éducation… C’est-à-dire que l’institution de “la famille” reste la seule pensée qui peut se détacher de cet étau antédiluvien.
Le spécialiste prône une réforme complète des institutions, de l’enseignement primaire à la fonction publique. Ajoutez à ça une vision de l’Europe en tant qu’institution politique et la France aurait alors enfin ;
« un projet, expression dont les Français ont presque oublié l’usage tant elle a déserté le discours gouvernemental des vingt dernières années ».
S’ils jouent du même violon, osant crier leurs convictions en espérant qu’on les entende, on espère voir fleurir de vrais projets. Des propositions des institutions elle-mêmes, de leurs dirigeants et de leurs employés seraient les bienvenues pour que la France voit une issue possible.
Alors continuons le débat, puisque le dé est lancé, jouons la partie…
Engageons-nous dans l’espoir, dans la possibilité d’évolutions sensibles et englobantes,
Ne baissons pas les bras, ne nous laissons pas emporter par la vague,
C’est notre pays, notre vie, notre futur, à tous dont il est question.
N’arrêtons jamais d’être convaincus.