Découvrir de la musique par hasard a bien changé au cours des 15 dernières années : si auparavant par “découvrir par hasard”, on comprenait entendre une chanson dans une pub, un film ou sur une borne à la Fnac (vous vous souvenez ?), c’est évident, aujourd’hui la majorité des découvertes se fait sur Youtube et autres services Internet. Et ça n’a rien d’étonnant, étant donné que l’objectif des algorithmes de recommandations est de maintenir l’utilisateur le plus longtemps possible sur la plateforme !
Et parfois, lorsque les astres s’alignent, des pépites oubliées font surface…
Et Exuma en fait partie !
Qui est Exuma ?
Exuma, de son vrai nom Tony Mackey, est un auteur-compositeur originaire des Bahamas.
Né en 1942 sur Cat Island, il quitte les Bahamas pour New-York en 1959. Le jeune Tony commence alors des études d’architecture qu’il ne finira jamais, les délaissant pour se lancer de la musique. Il déclarera en interview “Je suis devenu un architecte de la musique et de la culture. C’était ma destinée.”
En 1962, à 20 ans, il débute sa carrière professionnelle jouant de la folk dans des célèbres bars de Grenwhich Village comme le Café Wha ou le Café Bizarre, où il partagea des scènes avec Bob Dylan, Richie Havens ou Jimi Hendrix.
Ses premiers albums Exuma et Exuma II, sortis chez Mercury en 1970, rencontrent le succès à l’international et Tony se hissera en haut des charts au Brésil et au Honduras, et à ses dires, il connu un fort succès underground en URSS.
Il quitte Mercury dès 1971 pour passer chez Kama Sutra Records et sortira 4 albums en 2 ans. Puis seulement 4 autres albums entre 1980 et 1986.
Il meurt à 55 ans en 1997 après avoir continué à jouer au New Orlans Jazz Festival chaque année jusqu’en 1991 et connu une seconde carrière fructueuse d’artiste peintre.
Pourquoi est-ce que c’est si génial ?
Parce que !
Parce que c’est un style de son improbable et unique : de la folk psychédélique 70s caribéenne. Si certains morceaux rappellent des influences voodoo semblables à celles de Dr John, d’autres sont plus influencés par la musique traditionnelle caribéenne et le junkaroo. Mais le génail McKay parvient également à nous caser par-ci par-là de superbes ballades folk comme Baby Let Me in qu’on a envie d’écouter en boucle en serrant son amoureuse dans ses bras.
La principale originalité d’Exuma est de réussir un mélange exceptionnellement intéressant de folk et de musique ethnique qui en font un des premiers artistes à réussir la synthèse si appréciée aujourd’hui qu’est le mélange entre la world music et le folk occidental.
Remplie de Coeur et de percussions exotiques, ses compositions sont particulièrement spirituelles et mystique. Il joue d’ailleurs énormément sur la culture noire voodoo caribéenne et nombre de ses morceaux font référence à des entités magiques comme les Obeah Man, les sorciers des Bahamas auxquels il revendique une appartenance.
À la manière d’un Sixto Rodriguez ayant percé dans les 70 mais aujourd’hui tombé dans l’oubli, la musique d’Exuma est à redécouvrir avec un plaisir non-dissimulé.
Mais attention, il est difficile de trouver ses albums : sur les 10 albums d’Exuma, il n’est possible d’en dénicher que 3 sur la toile (deux sont sur Youtube et un sur Deezer). Il n’empêche, la richesse et la diversité des morceaux est un encouragement à fouiller pour découvrir la richesse et la diversité des morceaux de Tony McKay et à interroger les disquaires pour exhumer les perles perdues d’Exuma.
Aussi moderne que vintage, Exuma est sans doute ma découverte musicale la plus intéressante de l’année 2015, et tout ceci grâce à une recommandation YouTube dont les 2 commentaires les plus populaires sont éloquents :
Besoin d’une dernière preuve qu’Exuma c’est top ?
Nina Simone l’a repris ! Et si ça c’est pas un gage de qualité, je ne sais pas ce qui l’est ?
Aurèle, excavateur musical