Le film Un Français de Diastème est dans le salle depuis le 10 juin; mais, bien avant sa sortie, il était un sujet de polémique parmi d’autres. Sa violence aurait fait peur à des dizaines de salles de cinéma qui ont décidé de ne plus le diffuser. Il n’y a pas de quoi monter au créneau et Le Grand Bestiaire explique pourquoi.
La polémique n’a cessé d’enfler autour du deuxième long-métrage de Diastème. Le film raconte l’histoire de l’extrême droite en France, de Touche pas à mon pote jusqu’à la Manif pour tous, à travers le personnage de Marco, un skinhead, qui passe de la haine à la rédemption. Pour faire simple, c’est un con qui essaye de devenir quelqu’un de bien.
Le synopsis tient la route, le sujet est rarement traité dans le cinéma français, pour ne pas dire jamais. Mais l’aspect violent de ce film, qui défend pourtant des valeurs de vivre ensemble, aurait fait peur et les salles de cinéma craignent les réactions haineuses et d’éventuels débordements. C’est ce qu’a écrit Diastème dans un long billet publié sur son blog. Seules huit salles sur les cinquante prévues ont accepté de diffuser Un Français en avant-première. Par la suite, le réalisateur et le distributeur ont tous deux annoncé qu’au lieu d’être projeté dans cent salles, le film ne sera diffusé que dans une soixantaine. « J’ai raconté l’histoire d’un homme qui se débarrasse de la violence et de la haine en lui. C’est un film de paix. Un film de cinéma. Et ce que je reçois, depuis quelques semaines, n’est que violence et haine ». C’est Marielle Duigou, la productrice qui a communiqué la nouvelle au réalisateur, comme il l’indique sur son blog. « Les exploitants ne veulent pas le film, ils ont peur. – Peur de quoi ? je lui demande. – Je ne sais pas, elle répond. – Les 50 !? – Ben faut croire… ». Maintenant qu’assez de conneries a été dit sur ce film, passons à la réalité.
C’est l’histoire d’un mec…
Un français, c’est l’histoire de Marco : un skin-head qui tabasse les gens qui n’ont pas la même couleur de peau que lui, ou la même couleur de bomber. C’est l’époque de Touche pas à mon pote et des affrontements entre skin d’extrême-droite et d’extrême gauche. Les trente premières minutes, les insultes, la torture, les bagarres, la haine s’enchainent. Des déboires qui mènent à la prison, à la mort et à la politique. Dans l’idée d’une « virée au pays des cranes rasés », Un Français n’offre pas la même force esthétique qu’American History X, ni le malaise et la réflexion de Danny Blint. C’est un produit de l’école anglaise entre l’aspect social de Ken Loach et le regard sombre d’Alan Clark. Lorsque la violence fini par le dégouter, jusqu’à la crise d’angoisse, Marco devient le maitre zen. Il tente de se racheter une bonne conduite. Pour ce faire, il ne cesse de tendre l’autre joue, et se prend de sacrées droites par la vie. Un français c’est un peu la preuve par l’exemple à la sauce Die Welle. Marco devient, par la force des choses, spectateur de son destin, et de celui de ses amis, devenus ivres de violence ou de pouvoir. La fiction est inspirée de faits réels, ce qui permet au réalisateur de valdinguer le spectateur entre ellipses alambiquées et piqûres de rappels sur les impacts négatifs des néo-crypto-fascistes-nationalistes-identitaires-radicaux, ainsi que de leurs répercutions dans la société. Les curieux, habitués à Lundi Investigation, ne vont pas apprendre grand chose, mais pour les autres, ils découvriront les liens entre le F.N., le G.U.D., le Bloc Identitaire et les intégristes religieux (Manif’ pour Tous). Pour les fans de série comique, le rôle principal est tenu avec brio par Alban Lenoir, ex-Ford Mustang dans Hero Corp et ex- Ferghus dans Kaamelott. Loin de ses sentiers habituels, le comédien réussit le challenge audacieux de la métamorphose sans pour autant mystifier le spectateur à la manière de Ryan Golsing ou Tim Roth dans le même registre.
Ce film écrit au lendemain de la mort de Clément Méric est plus un message de paix qu’un bourre-pif dans le nez des partisans d’extrême-droite. Mars Film soutien « un film généreux » qui « affirme la possibilité d’un renoncement à la violence dans laquelle certains s’égarent ». À ce titre et malgré certaines tentatives d’intimidation, la sortie du film Un Français est bien maintenue au 10 juin 2015, deux ans après la mort du jeune « antifa ».
Avec le film dans les salles, la polémique sur la violence du film s’essoufflera vite. Il n’y a plus qu’à attendre que les moralistes s’élèvent contre l’affiche… Vous n’imaginez pas, titrer Un Français avec la photo d’un Skinhead tenant un drapeau bleu-blanc-rouge pour illustrer, ce n’est pas très représentatif de l’hexagone. Et puis, il y a un mec au casting qui s’appelle Chenille, que fait la ligue de défense des larves éruciforme…
Il manquerait plus que les hommes politique en débattent…