« C’est la première fois de ma vie que je peux remercier la SNCF » plaisante Arthur en ouvrant les portes de l’entrepôt désaffecté, collé aux chemins de fers qui partent de gare du Nord, rue Ordener, dans le XVIIIe.
Le Ground Control, est devenu Grand Train, un lieu alternatif éphémère posé sur 2,5 hectares appartenant à la Société nationale des chemins de fer. Entre cinéma, salle de concert, et marché, Denis Legat et son équipe ont créé « un bar libre et curieux ». L’atelier de maintenance est devenu un musée de locomotives des années 60, « On a même une Ten Wheel, à vapeur. » Les visiteurs s’assoient dans les trains, boivent, mangent et remontent le temps. « Par la fenêtre, ils voient défiler le paysage de la ligne Paris-Venise que nous avons restitué sur des écrans », enchaîne Denis.
Dysneyland pour hipster
Le voyage est également dans l’assiette, avec huit restaurants et six bars, qui proposent des plats et des boissons venus d’ailleurs : cuisine coréenne, tacos, barbecue argentin, « gaufres-burgers ». A l’extérieur, entre les rails et la friche, un glacier est installé dans la cabine d’un pont transbordeur, des transats et des terrains de pétanque permettent de digérer quand le soleil pointe le bout de son nez.
A quelques mètres des immeubles gris de 20 étages, Grand Train a installé un jardin copartagé. Marie plante, depuis mai, dans son bout de terrain, « j’ai des haricots et des tomates énormes, ce sont les meilleurs que j’ai jamais mangé » dit-elle en rigolant en continuant, « on est très sensibilisé sur la question du bio, chaque week-end, à l’entrée de l’entrepôt, est organisé un marché en circuit court ».
Tchou Tchou Festival ma gueule
Par temps pluvieux, le reste de l’espace couvert, aux murs de béton, dévoile par intermittence, un barbier, un tatoueur et un espace de méditation. Un grand projecteur diffuse « des films en lien avec les voyages et les trains. Cet été on a organisé le Tchou Tchou Festival, destiné aux enfants » se rappelle Denis. Le lieu se veut familial de jour et festif de nuit, avec des concerts éparpillés dans les quatre coins de l’entrepôt.
Un lieu de vie improbable dans cette partie de Paris, qui fermera ces portes le 16 octobre 2016, mais « on compte recommencer l’année prochaine au début du printemps » conclut Denis adossé à une locomotive. Tout n’est pas rose. Dans un PMU à quelques mètres de Grand Train, Martin qui a grandi entre Porte de la Chapelle et Porte de Clignancourt regrette le « prix exorbitants pour le quartier, c’est dommage pour les voisins de ne pas pouvoir en profiter ».