Le duo Electro-Rock, Gueules d’Anges, s’élançait pour la première fois sur scène, le 12 mars dernier, lors d’un showcase dans les sous-sols de la Cantine de Belleville.
Gueules d’Anges s’est dépucelé de manière démoniaque. Le duo parisien a offert un concert aussi tendre qu’explosif, à grands coups de basse vrombissante, d’un piano fondu dans une French Touch irrévérencieuse, d’une batterie rythmée à la sulfateuse et parsemé de quelques bains de foule salvateurs. Après quelques hurlements d’une fosse conquise, et quelques bières pour fêter leur première, Clément et Thomas ont livré au Grand Bestiaire leurs histoires et leurs impressions sur la première prestation de Gueules d’Anges.
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Vous avez bourlingué chacun de votre côté, dans des groupes différents, avant Gueules d’Anges. La première fois que vous avez travaillé ensemble, c’était pour des séries TV, c’est ça ?
Thomas : Exactement, on s’est rencontré sur ce projet pour la Télévision, j’étais avec un guitariste là-dessus…
Clément : Et le guitariste m’a auditionné pour ce truc, c’était il y a 6 ans…
Thomas : Il y a eu un bon lien basse-batterie qui s’est créé.
Clément : Il y avait un truc à faire, un projet plus personnel ensemble. Et on s’est mis sur Gueules d’Anges depuis un an.
A quel moment Gueules D’anges s’est vraiment crée, quel a été le déclic ?
Thomas : De mon côté, j’ai eu la malchance de partir à Meudon pour une nana. C’était dégueulasse… Un jour il est venu me voir tout malheureux, c’était horrible. Clément m’a dit « je te sens pas là, tu es en train de mourir (rires), allez reviens faire de la musique ! ».
Clément : A ce moment-là, j’avais des projets qui ont bien éclot sans aller jusqu’au bout, notamment Destin et French DK Dance. Et … je me suis fait larguer, mais vraiment, comme la pire des merdes… quelquefois la vengeance te rend très créatif. Alors, après la rupture, j’écris deux-trois chansons, j’appelle Thomas parce que j’ai l’impression que je tiens un truc. Lui, entre-temps, il a largué la nana de Meudon, il est revenu à Paris. Je lui fais écouter les sons et on a monté le projet.
Thomas : Et pour le nom, Gueule D’Anges, il s’est imposé de lui-même. Clément et moi, avec nos gueules, on nous file le « bon dieu sans confessions ».
Clément : On a des têtes de gentils.
Thomas : Alors que nous sommes les pires crapules sur terres. (rires)
Clément : On est juste des pécheurs comme tout le monde.
Quelles ont été vos premières influences pour monter le groupe ?
Thomas : L’essence, pour moi, c’est le rock et ensuite le blues. L’Electro, c’est plus une découverte, et c’est pour ça que ça me plait. On peut y voir énormément d’évolution. Les gimmicks de batterie sur notre musique rend l’Electro percutante et en même temps ça cadre un peu l’ensemble.
Clément : On veut amener de l’énergie rock dans l’Electro en fait. C’est pour ça que, de mon coté, j’ai pas mal d’influence rock, mais je suis aussi sur Chromatics, Kavinski, Christine and the Queens, Marvin Jouno…. Pour faire simple, la mouvance des groupes d’Electro que la presse met dans le carcan des « sonorités 80’s » et la French Touch, j’en écoute pas mal. Notre inspiration vient de là. Lorsqu’on a fait écouter les premiers titres, on m’a parlé de Daho aussi, mais je pense que c’est une référence inconsciente.
Thomas : On voulait du fond dans les textes et dans la musique. Pas un son avec quatre phrases qui se répètent en boucle. On a une culture française et on pioche dedans : Gainsbourg, Souchon… on aime bien la « Variet’ », mais pas très moderne.
Clément : Le français ça change ta façon d’appréhender la musique. Lorsque je chantais en anglais j’avais un masque. Avec le français, je me découvre sur scène.
Et votre source d’inspiration principale c’est les déboires amoureux ?
Clément : L’énergie créatrice de ce groupe, ça n’a été que des ruptures.
Thomas : Il faut dire qu’on a une tendance à attirer les nanas a problèmes…
Clément : On est assez malheureux en amour et on se complait là-dedans, ça nous donne cette énergie. Et c’est cette émotion qu’on essaye de retranscrire dans nos morceaux. Tu as une puissance, une étincelle qui est réelle. Il y a rien de plus fort que le sentiment que tu as : lors de la rupture.
Thomas : Le dernier morceau qu’on a joué ce soir, Péage du passé, raconte l’acception de la fin d’une relation, merdique et vouée à l’échec. Ce genre d’expérience te permet d’avancer. C’est mélancolique, triste, mais le message est complément positif, tout comme l’énergie qui s’en dégage.
En parlant des morceaux joués ce soir, vous pouvez nous expliquer comment fut crée « Décadence des Vampires » ?
Clément : C’est un titre que j’ai écrit avec un ami peintre, Eloi Dérôme. On était à Beauvais et je venais de me faire larguer, encore une fois (rires). J’étais sur le piano, Eloi me balance un flot d’idées en continu, je réponds, et ça nous a donné deux pages de textes. J’en ai tiré l’essence et on a travaillé avec Thomas sur le morceau final. Décadence des Vampires c’est notre morceau qui se rapproche le plus de Bashung, il y a un truc. Sur ce titre, les mots ont de la musique et « les mots mènent aux idées » pour paraphraser Gainsbourg. Les mots ont une action sur ton inconscient.
Thomas : On ne comprend pas mais on pense. Et on se permet une rythmique un peu plus groovy que d’habitude.
Quelles sont vos premières impressions après le concert de ce soir ?
Thomas : C’est perfectible. On est des « sales-cons-nazis » du travail très bien fait, donc il y a encore à faire.
Clément : Il y a des choses à améliorer mais le message que l’on voulait passer a fonctionné. On a ressenti l’énergie et ça a bien sonné. On a chacun eu des groupes de notre coté, on sait qu’il faut qu’on se rode encore pour envoyer l’intensité et le message que l’on désire vraiment. Ce n’est pas si simple que ça.
Thomas : On vient avec nos tripes sur scène, surtout, c’est là où ça change.
Clément : On se met à poil, c’est du vécu.
Quelles sont vos prochaines dates ?
Clément : Le prochain concert, c’est le 28 avril à L’international (Paris 11ème). On joue également au Supersonic (Paris 12ème) début mai, et potentiellement pour un Event du Grand Bestiaire…
L’album est prévu au programme ?
Clément : Pas pour l’instant. On veut d’abord explorer toutes les sonorités qu’on puisse faire. Voir avec qui on a envie de bosser…
Thomas : On dévoile au fur et à mesure. On a balancé trois sons sur la toile et il y en a encore dix derrière. L’album physique ne nous apportera rien pour le moment.
Clément : Notre objectif, c’est la scène, la scène, la scène et la scène.
Pour finir, Gueules d’Anges, en deux mots …
Thomas : Magnifiques connards.
Clément : Mélancolie-bonheur.