Jusqu’au 23 avril, le théâtre de Bobino accueille la compagnie Les 7 doigts de la main, avec Traces les acrobates empruntent plus aux codes de la rue qu’à ceux de Zavatta.
« On utilise nos personnalités, nos défauts et notre parcours, pour faire jaillir l’humour dans nos spectacles » explique l’acrobate Lucas Boutin en présentant son index droit, plus court que l’autre, l’un des éléments comiques du spectacle. Dans Traces, tout objet ou travers est prétexte aux clowneries. Sans l’habituel nez rouge, les 7 doigts de la main, vêtus sobrement d’une veste de costard noir et d’un T-shirt blanc, enchainent les calembours, cabrioles, objets cassés et dégringolades, le long de la pièce, à la manière d’intermèdes.
Le Skateboard et le Basketball en accessoire
Une compétition de skateboards se transforme en chorégraphie digne de Fred Astaire, une balançoire à bascule se change en trampoline, un ballon de basket devient un prétexte pour prendre le public à partie, les 7 doigts de la main ne cessent de surprendre par leur ingéniosité, leur humour et leur poésie. Entre deux portées, l’acrobate Anne-Marie Godin use de sa carrure de gymnaste et de sa grâce de ballerine pour détourner la Liseuse de Renoir. Sur un fauteuil miteux, la petite québécoise de la troupe effectue des équilibres ingénieux, pour se retrouver dans les positions les plus cocasses. « Les scènes proches du théâtre nous permettent des transitions d’un numéro acrobatique à une autre », à contrario des clowns du cirque traditionnel. « Ça permet une interaction plus facile avec le public » explique-t-elle avec un large sourire.
La poésie en fil conducteur
« S’il te reste une heure trente à vivre, quelles traces tu veux laisser de ton passage sur terre ». C’est de cette manière que Lucas Boutin décrit la pièce. À deux mètres du sol, l’acrobate au physique de jeune premier astique son mat chinois et inspecte religieusement son outil de travail à l’aide d’un niveau. Quelques heures avant la grande première, la compagnie se hâte aux derniers préparatifs. Dans un décor plus proche du bunker que du chapiteau, éclairé par des réverbères, Lucas saute de pilier en pilier : « Après 100 représentations ont est jamais trop préparé », lance-t-il de son perchoir. « Ma spécialité, c’est les anneaux, le mat chinois et les acrobaties aux sols », mais avec Traces, le Parisien a étoffé ses compétences. « On casse les codes du cirque classique et du théâtre, pour offrir une vision poétique et drôle du monde contemporain ».
Le cirque a changé
« Le cirque a tellement changé en 100 ans qu’on ne peut plus comparer », annonce la liseuse-acrobate, Anne-Marie l’originaire avec un accent jovial de Montréal, avant de retourner à ses acrobaties de « mains à mains ». Lucas pondère : « on démarre le spectacle avec un charivari, de la même manière qu’il y a 50 ou 100 ans, mais on propose surtout un équilibre entre le monde moderne et l’univers du cirque, dans un cadre intimiste et une sensibilité qui passe par la musique, les acrobatie et aussi le chant ».
Anne–Marie déclare : « Traces ce fut une révélation pour moi ! ». Pour le public aussi. Une façon de retrouver son âme d’enfant égarée, entre les gradins et le sable, sous le chapiteau, lui présenter ses émotions d’adultes, et prouver au deux qu’elles sont encore compatibles. Les 7 doigts de la main manie avec habileté la volonté de l’acrobate, l’insouciance du clown et les rêves du poète.
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