Nombreux sont ceux à en avoir entendu parler de la psychanalyse, en mal ou en bien selon que ce soit Michel Onfray ou Élisabeth Roudinesco qui sont à l’antenne. Mais beaucoup en ignorent le b.a-ba. Petit tour de la question pour les curieux ou ceux qui envisagent de consulter un de ces quatre.
Le principe sous-jacent
Pour qu’il puisse y avoir psychanalyse, il faut un objet à analyser et ici c’est l’inconscient. Concept inventé pour l’utilisation thérapeutique par Freud mais déjà présent sous d’autres formes chez de nombreux philosophes tels que Schopenhauer.
Cet inconscient serait l’une des quatre instances de l’appareil psychique, contenant des représentations obéissant au principe de plaisir, c’est à dire à la réalité dite psychique.
Il serait d’après Freud, au cœur des motivations de nos actes et mériterait donc qu’on s’y attarde.
Le cadre
C’est un élément essentiel, qui comme son nom l’indique est là pour régir les échanges entre psychanalyste et analysé. Il est constitué de plusieurs éléments tels le lieu de rendez-vous, la disposition des interlocuteurs (face-à-face ou non par exemple), la fréquence et la durée des séances, le tarif et les modalités de paiement etc.
Symboliquement le cadre remplit d’après Winnicott une fonction de « holding » en référence à son concept de contenance maternelle. Lorsqu’il est bien maintenu il permet de garantir à l’analysé les conditions optimales pour régresser dans une certaine sécurité psychique afin de pouvoir bien établir son « transfert ».
Le procédé
La parole est l’outil principal.
La méthode d’expression utilisée lors des séances est « l’association libre des idées« . La règle étant que le patient doit s’engager à dire tout ce qui lui vient à l’esprit, sans tri aucun. D’ailleurs chez les freudiens l’usage préconisé du divan est une manière de court-circuiter le face-à-face avec le thérapeute, qui peut constituer une barrière au développement de la libre association.
Le psychanalyste doit en principe de son côté recueillir cette parole avec une « attention flottante », c’est-à-dire une attention qui ne privilégie à priori aucun élément du discours de l’analysé.
Le « transfert » est un autre élément-clé de la psychanalyse: il correspond à la tendance qu’a l’analysé de vouloir rejouer des situations de son passé dans son interaction avec l’analyste. Pour qu’une psychanalyse puisse être menée, il faut – en théorie – que ce transfert s’installe bien et qu’il puisse ensuite être interprété, analysé et résolu. Le pendant chez le psychanalyste est le « contre-transfert », très étudié par Ferenczi, ensemble des réactions inconscientes de l’analyste envers le patient et son transfert.
L’analyste doit respecter une « règle d’abstinence » qui correspond au refus de remplir les rôles que l’analysé souhaite inconsciemment lui faire rejouer et les demandes inconscientes qu’il lui adresse.Le psychanalyste est en principe tenu de présenter une attitude de « neutralité bienveillante » envers son patient, notamment une absence de jugements d’ordre moral ou de directives.
L’interprétation du psy est un dégagement du sens latent dans le dire et les conduites du sujet.
La formation
Pour devenir psychanalyste il est conseillé de suivre une psychanalyse personnelle. Cependant la formation est aussi dispensé de manière universitaire.
Dans certaines sociétés psychanalytiques, suivant la méthode de l’Association Internationale de Psychanalyse, cette analyse prend la forme d’une « analyse didactique« .
Une fois cette analyse effectuée, l’on peut postuler pour suivre les enseignements théoriques et pratiques dispensés par une école psychanalytique.
Si l’on est accepté et que l’on va au bout de la formation, l’on passe à l’étape qui dans certaines écoles est nommée « contrôle ». C’est celle des cures de patients à mener en étant supervisé par un ou plusieurs collègues psychanalystes expérimentés.
Selon l’école psychanalytique choisie pour sa formation les modalités de ces trois pré-requis peuvent varier. Notamment en ce qui concerne l’organisation et la durée du contrôle.
De manière générale, la formation totale dure plusieurs années. De 5 à 10 ans en moyenne. Si dans l’université le diplôme est obtenu sur résultat, c’est une commission interne qui décide dans les associations d’accorder la reconnaissance du statut de psychanalyste issu de l’école.
Il existe des écoles de formation ou des associations de psychanalystes de plusieurs inspirations théoriques: « Freudiennes », « Lacaniennes », « Jungiennes » notamment.
L’exercice de la profession
Le titre de psychanalyste n’est pas protégé en France et il n’existe pas d’ordre des psychanalystes. La gestion de cette profession a été laissée jusqu’à ce jour par l’état aux sociétés de praticiens.
Les psychanalystes exercent en libéral. Leurs honoraires et la durée des séances sont variables mais à titre indicatif il est courant à Paris d’avoir accès à une séance à partir de 50 euros. Certains psychanalystes sont ouverts au dialogue pour déterminer le prix de leur séance en fonction des revenus de celui qui consulte.
Au cours d’une cure psychanalytique « pure », il est préconisé par certaines écoles Freudiennes d’effectuer trois ou quatre séances par semaine de durée longue et fixe et d’utiliser le divan.
D’autres écoles, relevant des théories Lacaniennes préconisent la « scansion« , à savoir le fait d’interrompre à n’importe quel moment la séance dès lors qu’un élément signifiant surgit du discours du patient afin de favoriser l’interrogation de celui-ci.
Les psychanalystes peuvent également conduire des thérapies analytiques, lorsque le patient ne souhaite pas s’engager dans une cure psychanalytique ou lorsque le cadre de celle-ci ne peut être établi pour des raisons de disponibilité, pour des raisons monétaires ou autre.
Ces thérapies analytiques se déroulent dans un cadre régulier et en face-à-face, à raison d’une ou deux séances par semaine.
Voilà vous en savez un peu plus sur la psychanalyse classique. Rendez-vous bientôt pour un nouveau Psycho-Trip !