
Le Grand Bestiaire s’est donné rendez-vous au Pan piper le 13 décembre pour assister au concert de Bigflo & Oli et Phases Cachées. Les jeunes toulousains étaient attendus au tournant pour leur avant-dernière date de tournée avant la sortie d’album, tandis que Phases Cachées se présente, fans à l’appui, pour fêter la release de leur nouvelle mixtape.
Arrivée sur place à 19h30 comme précisé sur le billet, la salle n’ouvrira ses portes qu’a 20h. Déjà une foule attend calmement en file, pas un bruit, étonnant pour un concert de Rap. Le public est composé de très jeunes -16-22ans – avec une forte prédominance du style vestimentaire reggae : saroual, dreadlocks et nombreux piercings faciaux. Comme tout concert “jeune” qui se respecte, l’autre partie de la foule est de style hipster, carhartt et vans, look des pieds à la tête. À 20h l’ouverture est lancée, le public est invité à pénétrer calmement à l’intérieur. Dans la salle lounge, les deux frérots Bigflo & Oli mangent une compote, pépères, sereins sur la performance qu’ils vont accomplir.

À peine 15 minutes après l’ouverture de la salle, juste le temps de poser ses affaires et de s’agglutiner devant la scène : première partie. C’est Le Bon Nob qui prend la scène, la trentaine, casquette à l’appui, il chauffe la salle avec brio. Ses textes sont pointus et son rap précis, des plosives explosives font vibrer la foule. Pour un quart d’heure de préchauffe c’est d’une efficacité renversante. En janvier son album P’tit Con sortira, à écouter sans doute. Le message est clair, bouger la tête, positive attitude et revanchardise. Il laisse la place a Bigflo & Oli. Le public est fin prêt, ils ont intérêt à assurer !

Un violoncelle électronique est apporté sur scène, entrent le musicien Luc Blanchot et le Dj. Ils entrent en scène sur un flow léger style boite à musique, “Pourquoi pas nous ?”. Les dreadeux hochent la tête hésitants un premier temps, ils enchainent “j’suis perdu, perdu dans mes songes”. Les deux frères ont happé l’attention d’un bon nombres de personnes qu’on pourrait croire venus pour le groupe suivant, style rap de zion.

La lumière s’éclaire et c’est le deuxième morceau “L’héritage” qui commence, Bigflo est rapide et précis, d’une énergie folle dans ses textes, Oli enchaine les blagues, nous montre ses “biceps”. Les percussions retentissent et les mains se lèvent, en fait le public connait les chansons par cœur. Barbes de trois jours, cernes sous les yeux, gestuelles à la Jim Carrey, ils ont l’air beaucoup moins jeunes que leur public.
C’est avec “Jeunesse Influençable” qu’ils rentrent dans l’EP, le clip vignettes de fans retentit en cœur dans la salle. Chaque bouche chante, et l’émotion monte. Sans répit et sans respirer, ils envoient “Quand même” : la tristesse s’envole pour laisser place à l’adolescence naïve. Ils descendent même dans la fosse ne les trouvant pas “assez chauds” ! En plus d’un concert, c’est tout un show d’humour qui est en jeu, les deux devraient créer un crew impro-rap.

Oli sort de scène en courant, une seule lumière éclaire Bigflo, chaine au torse, casquette baissée à la Booba, la bouche tordue pour faire méchant. Heureusement Oli revient comme prévu interrompre ce délire mégalomaniaque qu’est “Gangsta”. Lumière verte pour calmer le jeu, ils posent le texte de façon audible pour rappeler qu’ils ressemblent à leur public, avec des problèmes de cours et de cœur.
Le Dj lance l’instru de Niggas in Paris de JayZ qui retentit dans la salle, c’est parti pour un freestyle de folie ! Ils s’abaissent au niveau du public, pour une minute de pur flow, sans respiration.
Un morceau encore inconnu au bataillon retentit alors : “Dites-le si ça va trop vite”. Et c’est reparti pour 3 minutes de flow incessant. La foule lève les bras en l’air et apprécie la mitraillette de lyrics. L’album qui sortira en janvier réserve bien des trésors ! Les deux frères finissent pliés comme deux poupées de chiffon.

La lumière change, bleue et sombre, et la voix du dieu du rap du premier titre de l’EP “Atlantis” retient l’attention du public. Le rap est mort, vive le rap, ils réclament leur place. C’est une vraie fusion avec le public qui s’opère, ils regardent droit dans les yeux, parlent et ne font pas de show.
Adoubés par les cris ils enchainent sur un “Clash entre frères” exceptionnel, la salle est divisée en deux par leurs soins, droite pour Biglo et gauche pour Oli, le gagnant sera désigné au décibels. Là ou Oli excelle c’est clairement dans le jeu, il remporte haut la main la battle.


Bigflo et Oli sont avant tout musiciens et souhaitent dire que “Le rap c’est de la musique”. Le grand frère passe donc au MPC et le petit à la trompette, le violoncelliste fait un sublime solo et la chanson est lancée. Découverte d’un titre déstructuré.
Puis les lumières s’éteignent pour ne laisser place qu’à deux puits de lumière. “Monsieur tout le monde” est aussi sombre que dans le clip. Silence complet dans le public durant trois minutes, comme un recueillement, les deux rappeurs on l’air ému. Ils finissent en beauté sur “C’est que le début”, un de leurs premiers titres, très joyeux et annoncent la sortie de leur album en janvier, restez aux aguets !

Sur les coups de 22h, réglé comme du papier à musique, les 5 larrons de Phases Cachées entrent en scène.


S’ils sont là ce soir, c’est pour faire la Release Party de leur dernière Mixtape Phase B Volume 2. Comme le dit Volodia, le rasta blondinet du crew : “Une mixtape ça se fait avec un tas de guests !” et beaucoup on répondu à l’appel ce soir au Pan Piper. Depuis BigFlo & Oli, le public a pris quelques poils sur le menton, et quelques dreads dans les cheveux ! Entre deux explosions lyriques de Cheeko, D’Clik et Volodia, Dj Kash et Le Chat assurent le show. Débordants d’énergie et sautant d’un bout à l’autre de la scène, Phases Cachées montrent qu’ils ont plus de bouteille que leurs prédécesseurs.

Au bout du troisième titre les invités commencent à prendre le contrôle de la scène. Hippocampe Fou, affublé d’un sweat plaqué or et d’une mitraillette gonflable, débite ses mesures d’énervé sur “J’ai toujours rêvé d’être un gangster”. Plus loin, le calme revient avec un remix touchant d’ “Open Wide” de Guts mis en voix par Cheeko. Dirty Zoo, Willy Wander, Joey Larsé et j’en passe sont également là pour mettre le feu à la scène pendant plus d’une heure, les parisiens ont tenus leur public en haleine.

Concert terminé, la foule à bien transpiré, les plus vieux vont se prendre une dernière bière au bar, les plus courageux une dernière cigarette psychédélique dans le froid en attendant la sortie des groupes de la soirée. Le Pan Piper a prouvé encore une fois qu’il savait accueillir les meilleures découvertes hip-hop du moment.
Tracklist :
BigFlo & Oli :
Pourquoi pas nous ?
L’héritage + Guests
Jeunesse influençable
Quand Même
Gangsta
Freestyle Nigga’s in Paris
“Dites le si ça va trop vite”
Atlantis
“Clash”
“Le rap c’est la musique”
Monsieur Tout Le Monde
C’est que le début
Phases Cachées :
Boogie woogie flowJ’ai toujours rêvé d’être un gangster FEAT Hippocampe Fou
Le manège
Open wide remix (Cheeko)
J’avance (D’click) FEAT Willy wander
La gueule du loup (Volodia)
Medley Phases B Vol.2
Ma gueule
Impro live MPC
Rien n’est éternel
Alias
La Vague
4 consonnes 2 voyelles
J’délaisse le fitness
J’étais pas là
Boule à Facettes
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