
La menstruation n’est pas une nouveauté, pourtant, elle prend place dans l’actualité médiatique. Une nouvelle libération du tabou qui entoure ce mystère féminin.
Le Grand Bestiaire vous donne les cartes pour parler des règles féminines en société, sans tabou ni honte. Parce qu’au fond un buzz n’est qu’un sujet dont le monde a envie de parler.
La loi Veil du droit à l’avortement a donné le droit à la femme de saigner par intervention afin de ne pas donner vie. Quarante ans plus tard, c’est le droit au non-tabou qui s’ouvre enfin !
Alors oui, c’est du sang, on a vu plus ragoutant, ça peut même faire peur, mais c’est normal.
Une femme a ses règles 450 fois dans une vie, durant 5 jours en moyenne. Cela équivaut à 2250 jours, ou 6 ans et demi ! En utilisant les produits appropriés, cela lui coûtera environ 23 500 euros, une somme faramineuse sachant en plus qu’elle n’est payée que 10mois/12 – pour l’instant -.
2015, l’année du menstru-buzz !
Les femmes se lâchent et en parlent – enfin – ! Ça commence dans la terreur avec des témoignages sur le choc toxique, merci Vice !
Puis elles agissent en créant des nouveautés comme la coupe-menstruelle, avec pour but d’évincer les protections traditionnelles (et industrielles). Elles créent même des blogs consacrés au sujet et elles réveillent le tabou.
Rudi Kapur, jeune poétesse de 22 ans dénonce la misogynie d’Instagram et de manière plus générale, le tabou qui entoure les menstruations. Elle publie une photo qui parle, une jeune femme allongée dans son lit avec son bas de jogging taché de sang.
Instagram avait alors jugé que la photo n’était pas conforme aux règles d’utilisation du site qui précisent que l’utilisateur s’engage à ne pas exposer de la violence, de la nudité, de la pornographie ou encore des propos diffamatoires.
On peut dire que Rupi jubile alors, sur son Tumblr, elle répond à la censure :
« Je ne vais pas m’excuser de ne pas vouloir nourrir l’ego et la fierté d’une société misogyne, qui accepterait de me voir en sous-vêtements, mais qui est gênée par une simple fuite [de sang]».
Résultat, des excuses de la part d’Instagram qui dit “avoir censuré par erreur” et remet la photo en ligne immédiatement, plus de 83.000 likes et un début de discussion engagé sur les médias.
Cet été Kiran Gandhi – oui Gandhi – lui emboîte le pas en courant un marathon entier, sans aucune protection ! Puis c’est au tour des peintres et photographes de s’en donner à coeur joie.
Pour la rentrée, c’est la poupée Lammily qui fait son entrée, lancée au départ pour contrer la parfaite Barbie qui donnerait des expectatives démesurées aux petites filles. Lammily est même capable (grâce a des jolis stickers) d’avoir de l’acné, des vergetures et toutes ses choses sympas qui appartiennent aux vrais humains. Elle fait fureur chez les féministes et comme son nom rime avec Famille, elle est capable comme une vraie femme d’avoir ses règles (pour les bébés, on attend toujours).
Enfin la première marque de sous-vêtement pour les menstruations est créée ! Thinx marche très bien, au niveau monétaire. Mais l’entreprise américaine voit sa publicité censurée dans les métros new-yorkais, à cause de leurs métaphores avec un œuf ou encore une mandarine. Les puritains censurent, mais c’est pourtant aussi polissé que les pubs pour tampons avec du sang bleu.
L’engagement féministe :
On parle de femmes ? Les féministes sont là ! Dès qu’elles sentent le buzz – en octobre, tardivement – les engagées d’Osez le féminisme réagissent en créant Sang-Tabou propagande pour le non-tabou des menstrues. Elles décident aussi de décorer la place du Trocadéro avec des culottes ensanglantées… Leur slogan, c’est Stop à la Honte, mais leur propos sont assez léger comparées aux artistes qui se sont déjà emparées du sujet.
Dernièrement on a pu remarquer la réticence des politiques à prendre la chose naturelle au sérieux. La fameuse “taxe-tampon” qui leur confère une TVA de 20 %, car ils ne sont pas jugés “de première nécessité”. À retenir, les hommes aussi sont concernés avec la mousse de rasage, les obèses par contre pourront profiter de leur Coca-Cola qui est lui depuis longtemps à 5,5 %, première nécessité (mais oui, bien sûr).
Cinq jours après, un collectif baptisé avec humour « les Vulves enragées » a tapissé les abords de l’Assemblée nationale de serviettes et autres tampons souillés au ketchup ! Elles précisent leur démarche en montrant du doigt la misogynie et le patriarcat. Là encore, on doute un peu de l’efficacité de la chose…
Tabou, la faute à ceux qui ne saignent pas ?
Et c’est là que le bât blesse !
Si on lit les écrits sur le sujet, on se rend vite compte que le masculin a défini ce moment physique chez la femme ; selon les endroits, les règles ont des effets différents :
Des méfaits comme faire tourner le vin, la mayonnaise, les cornichons.
Mais aussi des bienfaits, comme féconder la terre, ou repousser les insectes.
Mais si les hommes ne posent pas les menstruations comme forcément néfastes, d’où vient le tabou ?
Peut-être est-il enfin temps de se regarder soi-même… La femme qui a ses règles l’associe fréquemment à un sentiment de honte : ne pas faire tomber son tampon du sac, ne pas se tacher, ne pas faire l’amour…
Tous ces mouvements émanent de la femme, et elle le reproche à l’homme. Peut-être lui envie-t-elle de ne pas passer par là, peut-être de son côté lui envie-t-il la capacité jointe de porter la vie.
Posez la question autour de vous “Faites vous l’amour pendant les règles ?”
Les hommes répondent directement “oui”, ou “non mais on aimerait bien” alors que la plupart des femmes se posent en rejet, “c’est sale”, “ah non jamais !”.
Vous pouvez poser d’autres questions du même type, “en parlez-vous ?”, “Voulez-vous bien en parler ?” Ce sont systématiquement les femmes qui se sentent gênées.
Le fait que ce soit honteux pour la femme est certain, le fait que ce tabou soit levé l’est désormais aussi. Mais pointer du doigt un fautif semble dérisoire, presque comme un empêchement de s’assumer.
La femme ne devrait-elle pas dire, “Je n’en ai pas parlé, j’avais honte, maintenant j’en parle” plutôt que “tu m’as empêché d’en parler” pour se sentir réellement assumée dans sa position ?
Ce mystère qui fait partie intégrante de la fertilité, pourrait avoir été tenu secret par choix. L’appropriation médiatique prouve que le mystère se dévoile, alors profitez en parlez-en ! Ça ne fera que diminuer ce tabou, cette honte de l’incompréhensible, ce sentiment morbide.
Ou bien, si cela n’attise pas votre intérêt n’en parlez pas, faites ce que vous voulez, mais ne reprochez plus vos choix qu’à vous-même.