
Le genre réveille les foules, les pour et les contres. Mais après tous les débats il est clair que personne ne sait ce que c’est. Alors Le Grand Bestiaire s’est penché dessus, histoire d’éclaircir nos idées sur ce champ d’étude des sciences sociales.
L’expression “théorie du genre” est une traduction maladroite du terme “études de genres” (gender studies). Le genre, c’est plusieurs théories ou hypothèses; c’est un outil ou une méthode pour déconstruire et réfléchir la norme. Ce terme inexistant est vite repris au niveau politique par les féministes, pour démonter les inégalités homme/femme. Le genre est une construction sociale, la société attribuant des rôles. Les travaux sociologiques et psychologiques démontrent que le sexe est une catégorie sociale qui influence les rapports des parents à leurs enfants.
Selon Lawrence Kohlberg, les enfants assimilent les stéréotypes de genre (papa pique et maman coud) à partir de leur environnement. Vers 6 ans, le fait de se conformer à ce que le parent attend est gratifiant, aussi participent-t-ils grandement au respect de ces clichés. Les stéréotypes de genre évoluent heureusement dans l’espace et le temps: c’est là que ça coince.
“Le genre ne détruit pas le sexe biologique”
Jamais le genre n’a eu pour but de nier l’existence de la différence sexuelle homme/femme. Les études de genre prennent justement leur point de départ dans les différences de rôles rattachés aux sexes. Il s’agit uniquement de démêler ce qui relève du naturel et ce qui relève du social. En 1920 les femmes n’étudiaient pas ou peu, parce que l’on pensait que ce n’était pas leur rôle. Voilà une belle affirmation du genre social comme stigmate.
“Ce n’est pas parce que le genre existe que l’on peut s’en défaire”
Les politiques féministes ou LGBT ont faussé la donne en niant pratiquement le sexe naturel. Le genre, c’est l’étude des clichés socialement construits, de manière a pouvoir effectuer un “bougé”. Cela ne veut absolument pas dire que l’individu peut et doit en changer comme de chemise, selon son humeur du moment. Cependant les dérogations à l’ordre du genre, “une femme trop masculine”, sont synonymes de rappel à l’ordre social qui peuvent blesser l’individu.
“C’est le fait de l’homme de vivre en groupe”
Nous vivons forcément dans une société, un environnement social et non pas un “état de nature”. Ce cadre crée nos représentations et donc nos normes. Notre corps est construit dans un processus bio-psy-culturel, et ce n’est pas uniquement notre sexe. Il n’existe aucun état de nature qui pourrait être étudié hors du cadre social, mais nous jugeons selon les catégories du genre : “une femme de 20 ans mère célibataire”.
“Le genre est inscrit dans son temps et son contexte”
Ce n’est pas la même chose que d’être un homme du 17ème en Chine, qu’un homme du 21ème aux États-Unis. Selon Foucault, il y a un avant et un après Mai 68, avec les féministes qui mettent l’accent sur la “différenciation” et non les différences sexuelles. Être capable de repérer les multiples configurations sexuelles nous fait sortir de la hiérarchisation.
“Il faut distinguer la réalité et l’imaginaire collectif”
La réalité c’est l’organe sexuel, l’imaginaire ce sont les normes. Les souffrances des minorisés face aux normes sont donc de l’ordre d’une réponse à la réalité. Donner un sens à la vie humaine, c’est l’ordre des choses dites naturelles. Ce qui est de l’ordre de l’imaginaire (les normes) échappe à toute donnée de sens : aussi, pourquoi stigmatiser ceux qui sont hors normes ?
“Quand le corps devient biopolitique”
Comme l’avait annoncé Foucault, les discours de hiérarchisation touchent le champ social, ce qui existe a des effets dans la réalité. Par exemple le placement de l’homosexualité dans la maladie mentale selon la psychiatrie américaine vs la communauté LGBT. Il en vaut de même pour les Femen pro “théorie du genre” vs manif pour tous. Or le corps, c’est indiscipliné, on ne peut y apposer des catégories binaires, pour éviter la stigmatisation. Le genre tente de poser un espace libre, à l’encontre de tout type de bi-catégories. Mais cela est aussi applicable sur : le naturel/l’artificiel, le public/le privé, le jeune/le vieux… On se doit d’espérer ne pas être dupe des normes dans lesquelles nous nous trouvons.
La pensée binaire universalise immédiatement ses productions de concepts, forme des lois générales qui valent pour toutes les sociétés : Voilà ce que le genre veut éviter. Une méthode de déconstruction amène à la pensée de la réalité, alors pourquoi se voiler la face ?
Prochainement à déconstruire : l’arabe/le juif, la blonde/la brune, le frat-boy/le nerd