
Sous ce patronyme qui fera rire les kids des années 90’s se cache l’un des rappeurs les plus prometteurs de la scène française. Spleeneur lancinant sous acide ou sous morphine, le lyonnais est aussi cracké que son logiciel Abelton.
« Jorrdee, est un génie ignoré du rap français, il s’est exactement où il va », des mots lâchés par Safia Bahmed-Schwartz lors d’une interview nous a mis la puce à l’oreille.
Jorrdee à la conquête du « Monde Chico »
Qui est ce Jorrdee ? Le dealer de codéine du rap game, « qui te vend du rêve de l’argent ». Dégaine aussi inhabituelle que son flow, Jorrdee est attifé d’un piercing nasal en forme de croix, d’un futal retroussé à mi-mollet, un bandana de chicano et des cheveux décolorés. Joordee pourrait se transformer en Young Thung ou Lil’ Wayne, c’est ton pote du fond de la classe qui branle rien et se tape quand même une meilleure note aux exams. Le talent, le style et l’amour du chaos. Une dizaine de projets (mixtape, EP et autres) bombardés sur la toile et retirés aussi vite. La carrière du MC est aussi floue que son regard dans ses clips et ses textes dans ses morceaux.
Sale et nonchalant
La première recette de Jorrdee fonctionne toujours aussi bien, une production minimaliste avec des nappes de claviers froides et déstructurées, une voix nasillarde et flow nonchalant, avec toujours une puissance de la basse au détriment des aigus. L’amateur de « ter-ter » ou de production alternative et indépendante regrettera les tubes plus ouverts au grand public tel que « Coller au rythme ».
Atypique comme une nécrophile à la Fashion Week
Par contre, « Bonjour salope », « Etat Second », « Rolling Stones » ou encore « Fashion Weak » se ressemble autant que de l’Afrobeat, de l’Electro et de la Trap. Jorrdee fait surfer son flow nonchalant avec aisance, tantôt pertinent, tantôt vaporeux, comme un nuage de Kush qui te donnerait des étincelles. Sex, drogue et alcool, sont les routines, les codes des morceaux qui jalonnent la petite carrière, très productive de Jorrdee. Mais en de manière sous-jacente parle de ses craintes, de ses relations amoureuses, de la défiance envers le monde qui l’entoure, des médias, des majors, de l’autre, voir de son public. Dans une mouvance proche d’Atlanta, avec des références directes à Memphis et des productions cotonneuses, Jorrdee offrent à l’auditeur une torpeur à la fois rassurante et glauque. Influencé par des flows et des production résolument Hip-Hop tel que Lil Jon, T.I, Young Jeezy, le jeune lyonnais prend aussi ses aises plus R’n’B à l’instar de Tyrese et Ginuwine.
Pour aller plus loin dans l’univers de se rappeur iconoclaste, il n’y a plus qu’à partir sur sounclound à la recherche de ses productions perdus « Notre jour viendra », « La 25ème heure », et « La nuit avant le jour ». Coup de bol, Joordee réédite Bonjour salope, son fascinant premier album sorti en début d’année, à paraitre d’ici le mois d’octobre 2016.