Le 5 décembre, les 195 pays membres de la Convention de l’Onu sur le climat se retrouvent à Lima (Pérou) pour le COP20, la conférence annuelle qui doit permettre de tracer les grandes lignes du futur accord mondial sur les émissions du gaz à effet de serre.
Chaque année, l’United Nations Framework Convention Climate Change organise une conférence afin de mettre en place des politiques communes de lutte contre le changement climatique. La COP 15 de Copenhague, en 2009 était un coup d’épée dans l’eau. Il en résulte un report à 2015 pour la signature d’un accord contraignant pour tous les pays. La COP 19 a eu lieu à Varsovie. Elle a donné peu de résultats malgré la publication de la première partie du énième rapport du Giec consacrée aux aspects scientifiques du changement climatique. Dire que la situation est alarmante est un euphémisme. D’après le groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (Giec), qui a rendu début novembre un rapport traitant de plus de 30 000 études réalisées ces sept dernières années, la terre est kaput si le danger n’est pas enrayé. Le CO2, le méthane et le protoxyde d’azote sont à leur niveau le plus haut depuis 800 000 ans. La dernière fois que la planète s’enflammait à ce point, il n’y avait que des éruptions volcanique matin, midi et soir. Pour être clair, la terre a pris un degré Celcius en 150 ans ( la moitié de ce degré s’est cumulé dans les cinquante dernières années), les océans ont vu leur niveau s’élever de presque 20 centimètres en 100 ans et leur acidité a progressé de 26% (Acidité implique encore une fois un sale temps pour la planète). Et ce n’est pas fini ! Les glaciers de l’arctique, les manchots, les morses et les ours polaires n’ont pas fini d’être en galère. Ces géants de glaces ont diminué de 40% en 40 ans. Pour en finir avec le fun, il manque plus que les vagues de chaleurs à répétition en Europe et en Asie et les catastrophes climatiques en chaîne ! Malgré l’horrible constat, rien n’est perdu, d’après le Giec. « Nous avons les moyens de limiter le changement climatique. Ce dont nous avons besoin, c’est la volonté de changer », explique Rajendra Kumar Pachauri, président du Griec. Alors, la prochaine réunion des hautes instances de l’environnement en Amérique du Sud sauvera-t-elle la planète ?
Le choix du Pérou pour accueillir cette conférence internationale sur le climat n’est pas un hasard. Troisième pays d’Amérique latine à accueillir une conférence internationale sur le climat, le Pérou contient dans ses frontières 71% des glaciers tropicaux (et ils ont une espérance de vie de 25 ans, d’après le Giec). «Lors de ces 40 dernières années, les glaciers des 19 cordillères enneigées du Pérou ont perdu près de 40 % de leur surface !», explique Aline Thimbert.
Avec ces 10 millions d’habitants, l‘approvisionnement en eau douce est problématique dans les grandes métropoles telles que Lima, surtout étant donné le climat aride ou semi-aride dans lequel vit la population. Pour finir la peinture rupestre écologique péruvienne, la montée des eaux risque de se métamorphoser en catastrophe économique et sociale pour le Pérou. Les mesures prises par le gouvernement n’aident pas : l’exploitation des ressources naturelles est une priorité menée au détriment des écosystèmes et des populations autochtones. Depuis juillet par exemple, une loi prévoit d’assouplir les normes et les sanctions environnementales, ce qui induit également une perte de pouvoir pour le Ministère de l’environnement. «Je suis optimiste», affirme Manuel Pulgar, ministre de l’Environnement du Pérou dans un entretien à l’AFP, estimant «possible d’obtenir à Lima un projet de texte qui nous permettra d’avancer avec des résultats concrets». Il annonce avoir des « éléments-clés pour parvenir à un accord» et qu’ils seront la «base de discussion est solide». «La tâche est lourde, difficile, gratifiante», assure celui qui sera le président de la COP 20.
Plus qu’un débat environnemental, pour ce pays c’est un débat économique et social central. Un environnement unique, menacé par la pollution des lacs et des rivières, par l’activité des compagnies minières et pétrolières et l’accélération de la déforestation. Les associations de protection de l’environnement constatent de très mauvais signaux politiques, pour la crédibilité du Pérou, à l’approche de la COP20.