Avec la sortie de l’épisode VII, Star Wars réussit un retour fulgurant sur les écrans et le devant de la scène. Mais qu’est-ce que Star Wars ? Une série de films cultes ? Un phénomène de société avec sa propre sous-culture ? Un succès marketing ?La réponse me semble évidente : les 3 mon capitaine !
Voici un petit témoignage expliquant comment Star Wars a impacté ma vie personnelle… Car c’est ce qui est amusant avec cette franchise extrêmement présente depuis sa création : nous avons tous plus ou moins une histoire intime en lien avec elle. J’imagine que nombre de fans se reconnaîtront dans mes mots, et les autres découvriront pourquoi Star Wars occupe une place si forte dans notre société.
Une histoire de famille
Mes premiers souvenirs de Star Wars sont anciens, très anciens, aux environs de mes 2 ans et demi.
Je me souviens distinctement avoir vu le film (lequel, je ne sais plus) sur la télé du salon familial avec mon père et Baloo, un ours en peluche qui faisait à peu près ma taille.
J’étais à l’âge naïf où l’on croit encore que les marionnettes parlent réellement, et si Luke avait Yoda (une marionnette aussi, lui et moi ne sommes pas si différent),pour le guider dans son éveil à la Force, c’est mon père qui tenait alors les rênes ou plutôt les pattes de Baloo en se cachant derrière pour imiter Dark Vador. J’étais alors fasciné par ses talents d’imitateur -si bien que j’avais un doute, et me demandais si en vrai, ça n’était pas lui Dark Vador-, et en tant que géniteur tout-puissant et bienveillant, il avait pris le parti de m’expliquer des éléments du film assisté de ma peluche.
Autant, je me souviens être émerveillé par l’univers (des vaisseaux spatiaux et des sabres lasers, je ne m’en remets toujours pas), autant j’ai été immédiatement absorbé par des questionnements sur l’identité de la figure emblématique de Dark Vador…
Car oui, qui est Dark Vador ? Qui se cache derrière le masque ? A l’époque, personne ne le sait vraiment, et l’histoire de l’asthmatique le plus célèbre de la galaxie est laissée en grande partie à l’imagination de chacun.
Papa m’a dit que c’était le père de Luke, mais pourquoi se battent-ils alors ? Un fils n’est pas sensé combattre son père. Et comment Dark Vador est-il devenu méchant ? Qu’est-ce qui l’a corrompu ? Autant de questionnements que j’adressai à mon père et qui y répondait tant bien que mal, mélangeant des éléments du film et sa propre imagination.
Aussi, pour moi si Dark Vador est brûlé et sous assistance respiratoire, ça n’est pas à cause de son combat contre Obi-Wan dans la Revanche des Siths, mais à cause d’un crash de vaisseau où l’Empereur a récupéré son corps meurtri avant de lui laver le cerveau ! Cette version inventée par mon père reste pour moi une meilleure histoire que la version officielle que George Lucas sortira des années plus tard (et qui m’a du coup infiniment déçu).
Une primaire de padawan
Jusqu’à 1997, date de ressortie de la première trilogie au cinéma, mon lien à Star Wars fut plus fugace : essentiellement au travers de rediffusions télés (nous n’avions pas encore de magnétoscope), de l’incroyable attraction à Disneyland Paris (qui me fit le plus grand effet lorsque nous allions au parc peu après son ouverture), mais aussi et surtout grâce aux jeux video.
Le jeu, Rebel Assault, sorti en 1993 et acheté par mon père lors d’une Apple Expo est un simulateur de vol mettant le joueur dans la peau d’un pilote de l’Alliance Rebelle. Le premier niveau est une traversée du Canyon du Mendiant sur Tatooine, suivi d’un champ d’astéroïdes. Je ne comprenais rien au jeu (qui était en anglais), ni à son maniement mais je me souviens avoir passé beaucoup de temps à observer mon père se démener pour passer les 2 premiers niveaux.
Un peu plus tard, mon père ou mon grand-père m’offrait le jeu Game Boy de Star Wars : a New Hope auquel je n’ai pas compris grand-chose non plus du haut de mon intellect de CM1 (ne pas parler anglais a été très vite une barrière dans ma vie de jeune gamer)… Ça ne m’a pas empêché de passer des heures dessus à chercher un sabre laser que je n’ai trouvé qu’environ 4 ans plus tard !
Mais George Lucas, bien déterminé à traire sa vache une seconde fois, ressort sa trilogie au cinéma en 1997 avec des effets spéciaux améliorés et Greedo qui tirent le premier (seuls les vrais comprennent). Joie dans mon cœur d’enfant de 10 ans ! Star Wars est de retour sur grand écran !
Fan actif au collège
Si mon doigt était déjà dans l’engrenage, la seconde de la première trilogie avait relancé la machine et je fus rapidement submergé par la vague de produits dérivés…
Luke Skywalker est le dernier jouet-figurine qui me fut offert (je commençais à être un peu vieux pour ce genre de jouet), mais j’en garde une préférence pour le sabre vert plutôt que le bleu…
Non, le véritable élément qui allait me faire tomber dans un puit de geekerie intersidérale fût la collection de livres déroulant l’univers étendu de Star Wars : l’histoire après les films.
ATTENTION, mode turbo super geek activé…
Encore un souvenir marquant : mon premier livre Star Wars de l’univers étendu ! Acheté avec ma mère dans une scène dont je me souviens encore… Une grande librairie du 18eme où je trouvais le livre au rayon enfant comme un trésor. Les quelques lignes du quatrième de couverture avaient suffi à me mettre des étoiles plein les yeux : les jumeaux de Han Solo et Leila Organa enquêtant sur des manigances à l’académie Jedi construite par Luke sur Yavin 4.
Ce fût une révélation (bien que ça soit le Club des Cinq rencontre Yoda) : je dévorai le livre, puis le suivant, puis le suivant, puis à la sortie de Shadow of the Empire sur Nintendo 64, je découvrais qu’il existait également une série de livres appelés “l’Univers étendu” racontant les aventures de mes héros favoris après l’explosion de la seconde Etoile Noire.
J’étais littéralement accro, et pendant à peu près toutes mes années collège, je lus pas loin d’une vingtaine de romans Star Wars (dont je n’ai aujourd’hui aucun souvenir…). Pour vous faire une idée, voici une liste des romans publiés en France : j’ai dû presque tout lire de l’an 5 à l’an 23…
L’académie Jedi
La vie sociale de fan de Star Wars est simple… Tant que l’on est pré-ado.
Aurélien, mon meilleur ami au collège, était également mordu de la Guerre des Etoiles (et accessoirement des autres franchises dont j’étais alors fan comme Zelda, Mario ou James Bond).
Ensemble, nous passions beaucoup de temps sur l’ordinateur, essentiellement à jouer à des jeux mais pas seulement… En 5ème, nous apprenions à nous servir de Photoshop pour faire des photomontages de nous sabre-laser en main qu’on imprimait pour les montrer dans la cour aux copains. Puis j’apprenais à me servir d’Adobe Première pour réaliser une vidéo où le sabre s’allumait et s’éteignait en son et lumière (j’avais samplé les bruits sur le morceau l’Empire du Côté Obscur de IAM… que mon père m’avait fait écouté justement parce qu’il parlait de la trilogie).
Comble de la geekerie, toujours aux environs de douze ans, je mettais en ligne mon premier site internet : un fan-site de Star Wars appelé l’Académie Jedi, en référence à ma série de livres favorite et où je diffusais les photomontages et des fiches sur les différents vaisseaux. (NDR : Je viens de me souvenir de ce détail en écrivant cet article, je suis rouge de honte et NON ! Le site n’est plus en ligne).
Je vous passe les détails sur notre consommation de jeux-video Star Wars : Dark Force, Dark Force 2 : Jedi Knight, et mon jeu Star Wars favori de tous les temps Rogue Squadron !
Mais être fan de Star Wars avait aussi ses inconvénients. En 4eme, peu avant la sortie de la nouvelle trilogie, ma professeure de français acceptait que je présente un livre de l’univers étendu de Star Wars à la classe (ce qui m’arrangeait bien parce que je ne lisais que ça !).
Je vous passe les détails mais ce fût un des plus grands moments de solitude de ma vie… Surtout lorsqu’après m’être lancé très excité dans l’explication de l’intrigue du livre, je m’aperçus que plus de la moitié de la classe n’avait JAMAIS vu un film Star Wars et qu’au lieu de présenter ma lecture, je dû raconter les 3 films à une bande de 30 pré-ados…
Un nouvel espoir : La menace fantôme
C’est après cet évènement que je me mis à lire d’autres livres que ceux de Star Wars. Essentiellement du Hunter S. Thompson et du Ann Rice : vive l’adolescence !
Mais je ne cessais pas pour autant d’être fan ! La sortie de la Menace Fantôme (l’épisode 1 de la nouvelle trilogie) approchait à grands pas : enfin, le retour sur grand écran ! Et ce fût une déception… La franchise avait perdu de sa superbe, et moi qui avais été victime du marketing depuis ma plus tendre enfance ouvrais enfin les yeux sur ses grosses ficelles le jour où ma mère m’offrit une statuette de Darth Maul de 30cm remplie de bain moussant.
J’étais écœuré par le marketing, et ceci même si le premier film m’avait semblé à peu près correct, à l’exception d’Analkin Skywalker (que j’attendais de voir depuis longtemps, sachant que j’avais sérieusement prévu de donner son nom à mon fils) et de Jar Jar Binks (no comment).
Dès le lycée, la rupture était consommée. Et à l’exception de quelques jeux video de qualité (la série des KOTOR, Battlefronts et Jedi Knights), mon engouement pour Star Wars était parti en fumée. Pire, je commençais à nourrir un ressentiment violent pour la nouvelle trilogie ! 1- Parce que Hayden Christensen incarnait horriblement le personnage que j’avais attendu pendant tant d’années, 2- parce que ma petite copine de l’époque l’aimait bien…
La franchise était tombée en désuétude et disgrâce avec la seconde trilogie. Etranglé par les mains son père qui avait voulu traire la vache une fois de trop, Star Wars ne m’intéressait plus.
(Mais cet avis est personnel, le marketing de la deuxième trilogie a fait énormément d’émules chez les plus jeunes et mes cousins plus jeunes vous parleraient des séries animées Star Wars comme je parlais des livres de l’univers étendu.)
Le Retour du Jedi avec l’Eveil de la Force
En 2012, Disney achète Star Wars à Lucas. La nouvelle m’amuse, mais sans plus. Star Wars ne veut plus rien dire pour moi, et je déteste le gros George Lucas qui a également désacralisé une autre de ses créations, Indiana Jones en voulant rallonger la sauce.
L’annonce d’un nouvel opus et de J.J. Abrams aux manettes m’indifféré, mais la magie reprend un peu avec la sortie du trailer de l’Eveil de la Force. Néanmoins, chat échaudé craint l’eau froide, et je sais, JE SAIS ce que c’est que d’être déçu par un nouveau Star Wars (n’est-ce pas Hayden Christensen !).
Et pourtant, avec la montée de l’excitation chez mes amis ou mes collègues, une flamme que je pensais depuis longtemps éteinte s’est doucement rallumée et j’ai acheté deux mois en avance des billets pour voir le nouvel épisode la semaine de sa sortie sur le plus grand écran de Paris.
Que dire ? A la sortie de la salle, la magie avait repris : j’ai aimé le film, beaucoup. Trop par rapport à sa qualité, mais revoir l’univers qui m’avait tellement fait rêvé gosse de retour sur l’écran argenté du Max Linder, en compagnie de mes amis était presque émouvant.
Le film est fidèle à la saga d’origine et malgré qu’on puisse lui reprocher son intrigue trop proche de l’épisode IV : Un Nouvel Espoir, je le vois plus comme un hommage et un passage de flambeau. L’univers est chatoyant et vibre avec la même énergie que celle qui avait animée ma passion plus jeune.
Donc non, je ne suis pas redevenu fan de Star Wars, mais merci à JJ Abrams être parvenu à insuffler une âme nouvelle à la franchise que j’ai tant aimé et qui m’a tant déçu.
Je suis retourné le voir une seconde fois avec mon père, pour qu’il le voie au cinéma mais surtout pour revivre un moment Star Wars ensemble… La boucle est bouclée, à 28 ans, après plus de 25 ans c’est à mon tour d’expliquer à mon père les détails qu’il n’a pas compris dans le nouveau film Star Wars. Après tout, Star Wars, c’est avant tout une histoire de famille…