L’ouverture d’un musée est toujours un évènement. Et à quoi s’attendre quand il s’agit de « concilier l’intemporel et l’extrême modernité pour la création » ? On a raté Pinault, on n’échappe pas à Arnault et son infaillible stratégie. Tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté ?
Le bâtiment se dresse à l’orée du bois, ou plutôt est amarré au jardin d’acclimatation, pour coller à l’impression générale. Le vaisseau de verre, tout en transparence, offre une façade découpée de voiles dressées vers le ciel. Un oiseau de 7000 m², une enveloppe de 100 millions d’euros (le prix d’une image d’esthète ?), 8 ans de travail pour l’américain Frank Gehry connu pour avoir dessiné le Guggenheim de Bilbao. Et pourtant il semble si léger. Si l’on vient voir des œuvres, il l’est. Au rez-de-chaussée une salle est consacrée à l’architecture du lieu, on y trouve des maquettes, c’est toujours rigolo, ça fait un paquet d’heures de bricolage pour Franky. En bas on se balade dans Grotto d’Olafur Eliasson, une colonnade de miroirs et de mosaïques solaires, royaume du selfie s’il en est.
Dans les dédales des étages : couloirs, ascenseurs, paliers, escalators, et de temps en temps, une œuvre ou deux. Soyons exhaustifs. Ellsworth Kelly, 5 monochromes, Thomas Schütte 1 sculpture, Bertrand Lavier, 1 néon, Pierre Huyghe et Christian Boltanski, 1 vidéo chacun. Ah si, tout de même, quatorze œuvres de Gerhard Richter, l’un des dix artistes vivants les plus chers du monde, on est chez Vuitton n’est-ce pas ? Depuis Hirsch (Cerf) ou l’une de ses Marines, où la peinture flirt avec le réalisme et le lissé photographique, jusqu’aux très récents tirages numériques multicolores de Strip, en passant par les élégantes séries Wald ou Weiss, tout est là. Richter a su réinventer son œuvre sans rien perdre de sa curiosité et la galerie qui lui est consacrée soulage de tout le blanc des cimaises vides.
Pour en prendre plein la vue restent les terrasses depuis lesquelles se révèle la structure aérienne du bâtiment qui offre un cadre tantôt métallique tantôt transparent au paysage environnant. Le sentiment d’espace qui règne là-haut est tellement rare dans la capitale encombrée qu’on y resterait bien encore un peu, que diable n’ont-ils pas installé une buvette ! Alors retour au hall d’entrée, où le resto déjà bondé s’appelle le Frank. Conduit par un chef étoilé, il fait face à la boutique du musée qui ne manque pas de mettre en vitrine quelques sacs siglés LV. Ouf, j’avais presque oublié !
Moralité, allez-y, mais sans hâte ! La Fondation ne lèvera pas les voiles et l’empire ne s’effondra pas de sitôt !
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