Devant la médiatisation effervescente du sujet, Le Grand Bestiaire se propose de donner une piste de réflexion. Aller manifester pourquoi pas, mais savoir pourquoi, et contre qui c’est encore mieux. La police cache bien son jeu !
Entre violences et suicides, un corps de métier tout en contraste se dessine. Mais les questions restent en suspend : La violence vient elle des policiers ou bien de la puissance que cette position leur fait tenir ?
Remise en question d’une profession impossible, entre le maintien de l’ordre et la liberté, la justice et la mise en liberté de pulsions violentes. La police est double-face, et nous allons tenter de regarder l’envers du décors.
Ferguson puis Garner, problème de racisme ou de toute puissance ?
Dans l’affaire, hélas si bien connue, Ferguson, c’est un manque de preuves qui sème le doute. Le policier de son côté dit que l’assaillant à tenté de saisir son arme, l’assaillant ne peut lui plus rien dire. A l’opposé total les passants disent qu’il a été violenté avant même de résister. Le partenaire du policier reste honnête, de l’autre côté de la voiture, il n’a rien vu. Seul fait réel, la vidéo du vol perpétré plus tôt par Garner. Alors, suivait il l’ordre normal de conduite du policier en fonction ? Ou bien s’est il laissé aller à une violence sans justice ? Difficile de savoir.
Dans l’affaire Garner, c’est un tout autre problème, selon Eugene Robinson, du Washington Post, il faut se pencher sur « l’excès de permissivité accordé ». Les policiers américains ont le droit tout faire pour « garantir la sécurité dans les rues ». Le fil du rasoir est donc bien fin entre le maintien de l’ordre, et la liberté ou la justice. C’est donc un jugement uniquement subjectif, qui détermine si le policier à fait une « bavure » ou s’il à bien agit.
Or subjectivité, ça ne rime pas du tout avec justice. Le policier utilise en effet une clé de gorge, interdite à cause justement de son danger d’asphyxie, aux États-Unis comme en France. Bon le gaillard en face fait 3 têtes de plus que lui, mais il répète plusieurs fois « je ne peut plus respirer », ça semble facile a comprendre. Le New York Post publie un article au titre évocateur « Eric Garner a été victime de lui-même pour avoir décidé de resister ». C’est donc selon l’auteur une mauvaise décision prise qui sonne pour Garner comme pour Brown le dernier jour de leur vies.
La vidéo suivante montre la mort d’Eric Garner, maitrisé certes, mais non pas passé à tabac.
Ames sensibles S’abstenir.
- La possibilité des autorités de s’interposer pour des motifs tenant aux « exigences de la défense nationale ou de la sécurité publique »
- Le pouvoir arbitraire de pouvoir refuser d’entendre une requête sans avoir à motiver sa décision
- La possibilité pour la police (et non la justice comme auparavant) de s’opposer à l’obtention de preuves pour des raisons de secret de l’enquête ou de l’instruction.
La France démonstratrice du mal-être des officiers de police ?
Mais la police ça n’est pas que la violence, et les irrégularités de procès. C’est aussi le suicide en masse des officiers, dont on peut se douter que la re-qualification par le public comme « abusant de la loi » n’arrange rien.
Le 17 Septembre 2014, c’est plusieurs milliers de policiers qui ont manifestés dans Paris, à l’appel du deuxième syndicat des gardiens de la paix, Alliance. Cette manifestation avait pour but de dénoncer le « mal-être » dans cette fonction, et de dénoncer les conditions de travail. 8.500 personnes étaient présentes selon les organisateurs, pour une fois la préfecture de police n’a pas modifié ce chiffre, elle n’a tout simplement pas voulu en donner.
C’est une vague de suicide qui se répand, 47 suicides de policiers français depuis le début de l’année 2014. Contre seulement 10 victimes (ou moins) par an, qui décèdent suite aux poursuites et arrestations policières. On peut évidemment penser à Rémi Fraisse, affaire qui soit dit en passant ne condamne pas les policiers pour non respect des procédures.
Mais quand on voit que de l’autre côté, on ne peut écrire un article sans trouver un nouvel article de policier suicidés (deux jours et un nouveau est apparu), on peut se demander qui prend le plus cher, le peuple ou les forces de l’ordre. Celui de la garde rapprochée de Bernadette Chirac, suivi de près par un suicidé en Moselle ça ne s’arrête jamais.
Les policiers commencent eux même à parler librement. On peut retrouver le livre de Marc la Mola, « Sale Boulot » ou il raconte comment il à abandonné ces fonctions pour ne pas se tuer.
« Servir le vulnérable : telle était la raison qui m’avait poussé à entrer dans la police. Autrefois, je serais allé travailler sans même être payé. Aujourd’hui, cet idéal en ferait sûrement rire certains. »
« On peut croire que c’est la facilité d’accès à une arme qui incite les agents à commettre l’irréparable. On peut croire aussi que tout être humain traîne son bagage de désarroi. Mais ce n’est certainement pas dans la police qu’on va s’en débarrasser. Le métier vous détruit. »
Absence de parole, entrainant impossibilité de se confier en cas de burn-out ou dépression. Absence de prise en charge psychologique, étonnant quand on sait que les mecs sont payés pour maintenir l’ordre avec des armes. La demande de « faire du chiffre », nombre d’arrestations, d’inculpations, sont autant de bon points sur le dossier d’un flic. Autant de problématiques qui le poussent aux regrets, à la culpabilité, tout cela en ayant pour obligation de garder cela pour soi.
Les constats sont toujours les mêmes, ils aiment leur métier au départ, y croient. Et déchantent rapidement. Compétition, rendement, zéro soutien, violence passée au silence, un beau combo pour les virils pervers qui exercent en toute impunité, un trou sans fin pour les sensibles, les normaux. Vous pouvez aussi suivre le blog et les ouvrages de Bénédicte Desforges, ex-flic elle aussi. Elle y parle, du risque, de la tension, du machisme, de la violence entre collègues, du bonheur en boite.
Même les familles s’y mettent, comme cette pauvre maman Patricia Cordier, qui a envoyé une pétition à monsieur Cazeneuve. Son propos ? Son fils comme tant d’autres s’est suicidé avec son arme de service. Entré en dépression grave, il est arrêté 6mois, remis en fonction au bureau des plaintes ou il n’est pas assez utile. 15 jours à peine après sa reprise, avec sur son dossier un cas de dépression chronique (tentatives de suicides multiples) on le met en service réel, et lui rend son arme.
Mais David Cordier ne se sent pas mieux… il demande à voir une psychologue, chose difficile car ils sont 60 pour 143.600 policiers. Elle est à Rouen, lui a Dieppe, trop loin pour le voir. Trois jours plus tard, c’est avec cette arme qu’il se donne la mort. Comment lui donner tort, les médecins qui le remettent en fonction n’ont aucunement vu son dossier psychologique, ils sont séparés dans l’administration. Il n y a aucun cours de prévention, aucun groupe de parole, aucune aide, dans un métier pourtant si violent.
Alors, si vous manifestez, ce n’est peut être pas contre « les policiers » qu’il faut crier. Les pauvres sont déjà obligés d’encadrer les démarches faites contre « eux ». C’est plutôt L’institution sourde et aveugle, le préfet qui laisse passer des dossiers de plaintes à la poubelle, l’Etat qui demande du résultat en chiffre. Les policiers eux ne font qu’une tâche impossible, faire régner l’ordre, et ceci par la force. La justice ne semble plus avoir sa place ici, et c’est ceux qui le regrettent qui en font les frais. Bien sûr il y a des petits roquets heureux de pouvoir taper en toute impunité sur les « racailles », mais n’oubliez pas, des cons il y en a partout.