En novembre il y’a des jours fériés mais surtout c’est le Mois du Documentaire ! Pour ceux qui y sont allergiques Le Grand Bestiaire livre un top 5 des films sur la maladie sociétale contemporaine. A vos écrans !
Cosmopolis (2012)
David Cronenberg nous démontre encore son amour des névrosés contemporains, scannant les méandres du consumérisme. Il nous offre le récit d’Eric Packer, multi-milliardaire interprété avec justesse par Robert Pattinson qui ne cesse d’étonner les spectateurs depuis qu’il a laissé tomber ses crocs. Personnage dont le seul but est de réussir à aller se faire couper les tifs.
Enfermé dans sa limousine il observe la chute de l’ère capitaliste, sa fortune ne représente plus rien, lui non plus. Cosmopolis plonge dans sa propre paranoïa, Eric attend qu’on vienne le tuer. Il lui reste selon son propre sentiment, 24heures à vivre, l’horloge ne cesse de défiler dans ce décors bleu-froid, déjà mort.
Regardez le pour découvrir son antihéros, petit plaisir de Cronenberg à chaque film. Paul Giamatti est la lie de l’humanité, et Parker s’y retrouve parfaitement. La suite métaphorique de l’opus Maps to the Stars est relâché un an plus tard et cette fois Pattinson y incarne le chauffeur de limousine, enfin il prend sa vie en mains.
Her (2013)
Film du couteau-suisse américain Spike Jonze découvert comme protagoniste et scénariste des films Jackass. L’hyper productif est aussi un des réalisateurs de D.A.F.T, multifacette on vous dit !
Her est son second long métrage, il reprend le thème central de son tout premier film Adaptation : un homme luttant pour atteindre le sentiment amoureux. En 2025 dans la mégalopole de Los Angeles, Theodore, interprété par Joaquin Phoenix à la triste tache d’écrivain public 2.0, il rédige pour ses clients des lettres de toutes sortes.
Séparé de sa femme depuis un an, il est incapable de signer les papiers du divorce. Il retrouve gout à la vie et à l’amour grâce au système OS1 (nom au combien original) qui le séduit dans les trémolos de voix de Scarlett Johansson. Un homme qui tombe amoureux de son téléphone, quoi de plus réaliste ?
Holy motors (2012)
Après Les Amants du Pont-Neuf et Mauvais Sang, le personnage fétiche de Leos Carax revient pour continuer sa lutte contre la mort. C’est encore une fois Denis Lavant qui est choisi pour interpréter le premier rôle, un homme d’affaire, très riche qui vit avec sa femme et ses enfants (ou sa ferme et ses rejetons).
Lui aussi se déplace à bord d’une limousine blanche, et le thème de la machine versus l’homme est prédominant. Le film commence sur une plainte, Monsieur Oscar est le bouc émissaire du “peuple miséreux”, il envisage de se munir d’une arme pour se défendre. Sa conductrice, l’informe qu’il a neuf rendez-vous dans la journée, avant de pouvoir diner tranquillement au Fouquet’s. S’enchainent alors des scènettes plus métaphoriques et bizarroïdes les unes que les autres.
Pour ses rendez vous Oscar prend une autre forme, un personnage créé pour remplir un vide. Le film termine avec la machine limousine, garée dans l’entrepôt Holy Motors elle conclue sur une plainte différente, celle d’être remplacées par les humains, qui « ne veulent plus de moteur ni d’action ».
La Crème de la crème (2014)
On avait adoré son oeil sur les banlieues et les campagnes avec Sheitan, le créateur du collectif Kourtrajmé semblait avoir sa voie toute tracée, rap violence et misère sociale. Mais c’était sans compter sur l’art de la riposte de Kim Chapiron qui s’en prend désormais à toutes les classes sociales. Avec La Crème de la Crème il étudie de près l’une des meilleures écoles de commerce de France, la soit disant élite de demain. Dan, Kelliah et Louis sont tous issus de familles très aisées et de cultures différentes, ce qui les unis la soif de réussir avant d’avoir commencé. Louis héritier aristocrate introduit un acteur sur qui compter Thomas Blumenthal, le pire du pire, bien loin de son interprétation dans Les Choristes. Pour faire peser la balance, une élève brillante, entrée sur concours, cqfd “not bankable” jouée par Alice Isaaz qui sera à l’affiche de 5 films d’ici 2015, gardez un oeil sur elle ! Challenge ultime, appliquer les lois du marchés, l’offre et la demande, aux relations humaines. Tout se vend, tout s’achète, mais a quel prix ?
Spring breakers (2012)
L’inhabituel rencontre le lambda dans Spring Breakers, quoi de plus banal que quatre jeunes filles griffées Disney décidant de rejoindre Miami pour le fameux amas pulsionnel de Spring Break. Ce qui sort de l’ordinaire, est plutôt la façon, petites polissées braquant un fast food, ça commence fort.
Harmony Korine, scénariste de Kids n’en finit pas de chercher une porte de sortie à la dépression sociétale, ses personnages ne cessent de lutter contre le monde. Si dans Julien Donkey-Boy c’est la réalité familiale qui l’entraine vers le fond, au contraire Mister Lonely est un conte fictionnel c’est la “staritude” pour s’en sortir il revêt l’identité de Michael Jackson et erre dans Paris.
Mais le film retomberait comme un soufflé sans l’intervention du magnat du vice, on a jamais vu James Franco si sale (enfin sauf sur Instagram). Alien tel est son nom règne sur le chaos, bling-bling et armes au poings, que leur faut il pour avoir l’impression de sortir du lot ? du sang, du sang, du sang.
Pour ceux qui sont frustrés des informations lacunaires de la fiction, voici un lien vers le Mois du doc et notre sélection de programmation parisienne.